Un enfant frustré ne veut pas dire malheureux

Un enfant frustré ne veut pas dire malheureux

Un enfant frustré n’est pas un enfant malheureux.

Je ne parle pas ici de ses blessures existentielles ni de ses blocages personnels. Je n’évoque ici que son rapport à la frustration et au NON.

Dire non à un enfant c’est lui poser des limites et surtout lui donner des repères et de la sécurité pour se construire et faire la part des choses.

Ne pas allez dans son sens, ne pas le satisfaire dans l’instant là et maintenant, lui apprendre à attendre, à patienter et ne pas obtenir tout ce qu’il veut et désire ne signifie pas ne pas l’aimer et le rendre triste, ni être méchant en tant que parent.
Qu’il le vive mal c’est normal car il voit bien qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut quand il veut et avec qui il veut. Il doit apprendre cela.
Vous imaginez sinon?
On les excuse souvent de par leur jeune âge “oui mais il est petit encore”. Puis on n’aime pas les voir pleurer ou pas content, c’est normal. Pour certains parents c’est une épreuve.
Leur trouve des excuses est plus facile mais c’est surtout s’en trouver en tant que parent pour éviter un sujet compliqué.

Justement c’est quand ils sont petits qu’il est nécessaire de le faire car cela sera encore plus difficile, compliqué et confrontant avec les années. Remettre à plus tard ce qui doit être fait avant les 3 ans et les 6 ans va vite se ressentir quand l’enfant est supposé grandir.
Les colères peuvent devenir de plus en plus grosses quand des parents commencent à dire non.
(Une pensée pour le corps enseignant qui se cogne de plus en plus à la frustration grandissante de cette génération dès la petite section de maternelle).
Le symptôme le plus viral est le “cri”. Ils crient. Fort.
Ils tapent, hurlent et cassent pour les plus frustrés.

Il y a toujours eut des cas isolés mais aujourd’hui cela change, la tendance est en train de s’inverser. Ils sont en majorité.

Un enfant dans sa construction a besoin de repères et surtout de sécurité.
Et contre toute attente la plus grande des sécurité est de tester le parent dans sa cohérence.
Fait-il ce qu’il dit? C’est basique mais pour un enfant ça marche.
C’est exactement cela qui va le rassurer. C’est ainsi que la confiance s’instaure. Pas que mais aussi.
C’est instinctif selon moi chez l’enfant.
C’est mon point de vue et je pense sincèrement que c’est là aussi où la sécurité se joue pour lui dès son plus jeune âge sinon pourquoi dans son cycle de croissance expérimente t’il son rapport à la frustration?
Il en a besoin pour grandir. C’est pour cela qu’il teste. Et moins on va lui mettre de limites plus il va tester et parfois de plus en plus loin.
Les menaces parentales seront alors celles marquées par l’épuisement et la saturation et bien souvent tout autant “démesurées” et rarement voir jamais appliquées.
Donc inutiles. Autant pour l’enfant que pour le parent.

Pour évaluer le degré de frustration d’un enfant, on le perçoit très vite à l’âge de sa 1ère adolescence entre 2 et 3 ans.

C’est un indice qui permet au parent de constater où en est son enfant sur son chemin de frustration et d’adapter son comportement éducatif.
Bien-sûr que ce n’est pas marrant de frustrer son enfant mais c’est l’aimer, l’aider, l’éduquer et le sécuriser.

Je constate chez ces enfants une grande insécurité et de l’anxiété qui bien souvent les dépassent eux-même. Ils sont angoissés.

Leur donner des repères est nécessaire pour la suite car nourrir sa frustration comme si il était très malheureux va générer des confusions en lui qui vont l’empêcher de faire preuve de discernement en grandissant. Il sera perdu. Et en plus maintenant qu’il est grand on lui en fera le reproche ( le comble).
Quand tout devient un drame il ne peut y avoir que des réactions surdimensionnées de plus en plus mal accueillies et acceptées par les grands. Il se retrouve en réelle difficulté. Largué.

Exemple tout bête mais que beaucoup ont connu ou connaissent:
Dans un ascenseur, l’adulte appuie sur le bouton alors que l’enfant de 2 ans voulait le faire ce qui ce comprend car amusant. L’enfant est frustré. Normal. À son échelle c’est un drame. Il peut pleurer, se mettre à crier, etc…On se met à sa place on veut lui faire plaisir et on comprend ce qu’il veut à son échelle.
x Option 1: on redescend exprès pour qu’il appuie sur le bouton et on lui fait passer effectivement le message que c’est limite horrible et grave de ne pas avoir appuyer sur le bouton. On lui donne raison et on nourrit sa croyance qui est sa réalité du moment à son échelle mais surdimensionnée compte tenu du contexte.
x Option 2: on lui dit je comprend que tu aurais aimé le faire, tu le feras la prochaine fois et on relativise soi-même sur la situation. Ce n’est qu’un bouton dans un ascenseur et il y aura d’autres occasions. Lui ne se rend pas compte du contexte et ne peut relativiser mais le parent dois apprendre à le faire à sa place sinon il va fausser sa perception. Il est son repère extérieur et doit être juste dans le contexte global.

Leur donner les repères de la pénibilité, du grave, moins graves, du urgent, moins urgent, apprendre à relativiser sur une situation tout en accueillant ce qu’ils vivent sans chercher à changer la situation pour éviter sa frustration et sa colère n’est pas la solution.
Il est primordial qu’ils puissent exprimer leur mécontentement tout en tenant compte du contexte.
Ils ne sont pas trop petits pour cela. Ils sont dans l’instant présent, vivent tout intensément et pleinement et ne se rendent pas forcement compte du contexte. C’est l’adulte le repère et il est là pour ça.

Les parents ont tendance à se sur-justifier aujourd’hui auprès des enfants comme si ils faisaient tout pour que surtout l’enfant ne croit pas des choses fausses sur eux, comme ne pas les aimer.
Beaucoup de parents sont dépassés à l’âge de l’adolescence. Celui-ci est censé avoir grandi et être devenu plus mature et ils ne supportent plus leurs colères, leur ingratitude et le non respect de plus en plus évoqué en échangeant avec les parents concernés.

Beaucoup d’entre eux ont tout fait pour satisfaire leurs enfants, être à leur écoute, dialoguer avec eux, les soutenir, les accompagner et ont simplement essayé de leur offrir TOUT ce qu’ils n’avaient pas eux-mêmes reçus de leur propres parents en étant enfant.

Ils témoignent: “Nous n’avons rien eut, rien reçu et nous en avons souffert. Nous ne voulons pas que nos enfants vivent la même chose.”

Ils ont raison en soi mais je les interroge: “en quoi mettre des limites, donner des repères, sécuriser son enfant en le frustrant empêche l’écoute, l’amour, la bienveillance envers lui?”

L’éducation de nos enfants passe aussi par la transformation et les générations se passent des relais depuis la nuit des temps pour améliorer et surtout rééquilibrer la relation parent/enfant.
Elle évolue ainsi.
Elle passe par des extrêmes, qui eux-mêmes évoluent et diffèrent en traversant les époques et même si aujourd’hui nous connaissons la montée d’un extrême éducatif il nous faudra bien en vivre les conséquences pour se rapprocher un peu plus du juste milieu. On ne régresse pas, on avance.

Passer de rien à tout est une immense leçon car quand on a rien on donne tout et quand on a tout on ne donne plus rien.

Adeline Ferlin

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