Quand on fait mon métier on rencontre avant tout l’histoire d’un être, d’une âme dans sa singularité.
C’est toujours touchant de lui rendre ce qui lui appartient, de lui conter son histoire, lui faire la lecture de son récit à voix haute, de raviver ses mémoires. Je suis un miroir lui renvoyant son reflet qui est simplement son vécu qui est en terme alchimique sa matière 1ère. J’y apporte en plus une interprétation comme une sorte de « google traduction » si on veut rester moderne. Sons et images.
En découvrant leur vie, je suis forcement touchée par leurs traumatismes car je ressens précisément leurs émotions, leurs souffrances vécues au moment de l’impact. Je ressens l’intensité de leur douleur qu’elle soit physique et/émotionnelle. C’est parfois bouleversant car je réalise ce qu’ils ont dû traverser, vivre, endurer. Grâce à cela je réalise l’intensité, l’échelle de leur douleur et par conséquent leurs systèmes de protection (https://adelineferlin.com/nos-masques-tant-decries…/…).
Cela me permet d’accueillir au plus juste leur histoire.
Parfois je pleure avec eux, parfois je ris aussi avec eux. Tout dépend de ce qui est à accueillir pour eux. Ils me permettent d’accéder à leur histoire et me la confier est un gage de confiance dont j’ai conscience depuis le début.
Quand je voyage dans une de leur vie passée c’est toujours pour l’aider à comprendre son présent et souvent quand il s’agit de blessures profondes donc très traumatiques, je plonge au coeur pour retourner à l’origine.
Au coeur de la blessure originelle.
Il n’y a pas une seule blessure originelle, il y a des blessures et elles ont toutes une origine. Il est parfois nécessaire de savoir aller la chercher dans un passé lointain qui semble pourtant si présent.
Je ne choisi jamais quand je vais accéder à une vie passée, cela vient naturellement quand c’est le bon moment pour la personne concernée car accéder à une vie passée peut être fun, agréable, mais aussi très confrontant en fonction de ce qu’elle travaille. C’est beaucoup plus bousculant qu’on ne le croit quand il s’agit, je le répète, des blessures encore à vifs, non guéries et pas encore transformées.
L’accès a une vie passée vient toujours à pic, au moment opportun sans le choisir et quand cela vient naturellement cela signifie qu’il est tant de reconstituer son puzzle, de relier le présent avec le passé pour légitimer sa blessure du passé et toutes les conséquences de celle-ci dans le présent: peurs, angoisse, blocages, douleurs, système de protection, contrôle.
Trouver l’alchimie entre les 2 est une nécessité.
Dans le cas d’une guérison d’une blessure existentielle, certes accéder au passé sera douloureux mais pas que. Contre tout attente, ce sera également libérateur dans le sens où la personne se réapproprie sa matière et quand elle établie les liens logiques s’apaise car elle comprend mieux le pourquoi du comment, il y a de la logique et l’exercice est aussi d’arrêter de croire qu’elle a des problèmes. Non elle a du vécu, son histoire et tout s’explique, tout a une sens.
Quand elle travaille ses blessures existentielles elle va besoin de fouiller dans le passé, ses archives et de trouver la mémoire de l’origine exacte de ce trauma, là où la flèche a traversé de plein fouet son cœur et a causé tant de douleur. La blessure est parfois encore tellement douloureuse qu’il est nécessaire d’y aller avec délicatesse car on pense que le passé fait que la blessure est aussi passée. C’est une confusion car la blessure non guérie qui est ravivée ravive la déchirure. Ici qui que nous ayons été dans le passé, ce qui ressurgit c’est le scénario d l’époque certes mais surtout qui a été vécu et son impact.
L’époque, le scénario et la personne que vous incarniez permet de poser le contexte pour se situer et comprendre ce qui se rejoue dans le présent car encore une fois tout est relié. Souvent sous des formes différentes car vous avez changé d’époque mais sur le fond vous repartez de là où vous vous êtes arrêté.
Ce qui reste en vous c’est la trace de ce qui a été vécu et vous en aurez besoin pour effectuer votre travail de transformation. C’est votre matière 1ère à transmuter.
Plus c’est traumatisant plus c’est douloureux et bien souvent enfoui en vous.
Quand je reviens et que je met le doigt exactement sur ce moment dans le passé et sur la plaie, toutes les personnes qui l’expérimentent le vivent , le ressentent comme si c’était aujourd’hui.
Intact. Rien n’est plus réel et présent. Toujours à vif.
Je n’ai pas le choix que d’y revenir car quand vous choisissez de guérir, de panser vos blessures, c’est le point de départ de toute guérison et parfois sans le savoir c’est ce que vous choisissez. Enclencher une guérison émotionnelle demande de légitimer son traumatisme, l’origine de celui-ci pour l’accueillir enfin et s’en libérer grâce à la transformation. Revivre son trauma permet de libérer la douleur en enlevant la flèche même si ce sont des vies après.
La plaie va saigner…et cela je ne peux l’empêcher. Je peux juste dire que c’est bon signe et que cela prouve que le processus est enclenché. Puis elle va se refermer progressivement avec le temps.
Très peu de personnes acceptent en réalité le processus de guérison et son lien avec le passé pour se réveiller dans le présent et accueillir ce qui est tant douloureux.
Beaucoup pensent que ce n’est pas normal d’aller mal, de souffrir dans ce présent et veulent juste aller bien. Cela se comprend parfaitement mais si vous n’acceptez le chemin à emprunter pour aller mieux, rien n’est possible. En plus vous passez à côté d’un enseignement de la vie qui vous enseigne l’art de guérir et de se transformer en le vivant à votre échelle tant en parlant d’ascension spirituelle.
Vous pourrez faire toutes les formations, tous les soins du monde, rien n’empêchera ni ne remplacera votre propre guérison et tout ce que cela implique vraiment.
Oui c’est long et douloureux et non ce n’est pas facile.
Oui c’est chiant, relou et tout ce que vous voudrez mais c’est ainsi. Non il ne suffit pas juste de le vouloir et ce n’est pas magique. Oui c’est confrontant et en même temps riche en enseignement. Non il n’y a pas de formule magique ni de TGV pour y aller. Soit vous acceptez de vivre chaque étape soit rien, mais vous ne pouvez choisir les étapes qui vous arrange et vous délester de celles qui vous dérangent.
C’est tout ou rien.
Adeline Ferlin
