Toutes les blessures non guéries déforment et pervertissent

Les blessures façonnent des croyances souvent fausses sur soi ou les autres et elles aussi nous conditionnent c’est bien connu.

Une blessure non guérie nous déforme. La première chose que l’on voit ce n’est pas la blessure en elle-même mais bel et bien son système défensif. La plaie étant trop à vif, même si ancienne, l’armure mise en place la masque si bien qu’on peut avoir la sensation de l’avoir oublié voir guérie.

Une blessure guérie nous transforme sans nous déformer. Nous reprenons forme autrement en ayant apaisé et soigné la plaie.

À différentes échelles certes, mais c’est bel et bien la conséquence pour chacun de nous.

Le réaliser pour soi et les autres ne cautionne en aucun cas nos agissements qui vont créer un sentiment de violence et d’injustice pour celui ou celle qui en reçoit l’impact.
La non-reconnaissance de nos actes accentuera ce sentiment.
L’humilité le permettra. L’orgueil l’empêchera.
Le point de départ est de se l’avouer. Sans cela, rien ne se passe, n’évolue.

Nous avons tous des blessures. Elles varient et diffèrent en fonction de nos avancées, notre histoire et de ce que la vie a choisit de nous faire vivre. Les rencontres ne sont pas un hasard et des blessures rencontrent des blessures qui ne se comprennent pas, qui bien qu’opposées sont complémentaires. On ne peut les dissocier. L’abandon est relié au rejet par exemple.

Je constate l’incompréhension et l’intolérance souvent totale face à ceux et celles qui blessent encore avec leurs blessures, leurs systèmes de défense.

L’idée n’est pas de les condamner, mais consiste à s’en éloigner quand elles sont dirigées vers et contre soi.
L’idée est l’urgence de se ressaisir et d’agir quand on les dirige vers les autres pour que cela cesse.
Le mal étant déjà fait, on ne peut revenir en arrière, mais on peut apprendre à avancer autrement, en entamant un chemin de guérison intérieure pour mieux interagir avec l’extérieur.
Cela commence toujours par soi avec ce qui nous appartient.

Se protéger de l’autre, c’est se protéger de leurs blessures non guéries.

Ce n’est ni du rejet ni de l’abandon, ni du mépris ou un manque d’amour ou d’empathie. C’est surtout très courageux que d’accepter son impuissance face à la blessure d’autrui. Il est possible de la voir, la comprendre, l’accueillir, l’excuser, ressentir de la compassion, l’accepter, mais cela n’a rien à voir avec le fait de la subir et d’en devenir la cible.
Le discernement aide à poser ses limites et à oser dire : « Tu as le droit de souffrir et d’avoir mal, mais je ne te donne pas le droit de me blesser avec. »

Il est tout autant faux et violent de les condamner dans leur processus de guérison.
Combien de fois, j’entends, démuni « Il, elle n’évoluera jamais ». Peut-être pas à notre rythme et comme nous le voudrions, mais bien sûr que toute âme cheminant va un jour faire ce travail sur soi. Ce n’est pas un privilège ni un gain de supériorité sur l’autre. Ce n’est pas parce que nous avons la sensation d’y être arrivé ou du moins de se donner les moyens pour y arriver qu’ils n’y arriveront pas un jour. Mais pas maintenant ne veut pas dire jamais.

J’ai de l’empathie, de la compassion pour ceux qui sont encore prisonniers de leurs blessures et leurs systèmes de protection à l’échelle de leur douleur. Jamais je ne les condamnerais, car cela impliquerait de condamner mon propre chemin d’évolution.
Je ne suis pas dupe, je sais d’où je viens et jamais je ne l’oublierais.

L’intolérance à la différence de conscience, d’avancée, d’évolution dans le processus de guérison est très marquante, je trouve. Beaucoup de personnes se qualifiant « d’être éveillé » oublient que cela suggère également de s’éveiller et de se confronter à ses propres blessures existentielles, souvent les plus profondes constituant un axe de développement personnel dans le sens « ascension ».
Beaucoup trop l’oublient.

Accepter et se pardonner le mal engendré par sa propre blessure est difficile, mais fait beaucoup grandir.

La tolérance prend place, le pardon réunifie.
Justifier ses blessures et son système défensif en cherchant un coupable, fuir ses responsabilités et diaboliser l’autre que ce soit dans un sens ou un autre n’enclenchera en rien sa guérison.
Nous réveillons tous des blessures chez les uns et les autres, d’où la complexité des effets miroir dans un processus de guérison.
C’est très facile sur le papier, mais dans la vraie vie, c’est parfois difficile à démanteler, dénouer et pourtant tout est relié et c’est ainsi que l’on comprend le rôle de chacun sur le chemin de l’autre.

Nous jouons et rejouons tous des rôles à tour de rôle… Pas les mêmes et c’est tout l’intérêt de la transmission, du décalage.
C’est pour cela que nous sommes tous des guérisseurs, des guides.
Nous sommes égaux dans le processus de guérison.

Adeline Ferlin

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