Le mal de vivre souffre de ne pas trouver sa place dans ce Monde

Dans la vraie vie, il est particulièrement douloureux d’oser aller mal et l’exprimer.

Le mal de vivre souffre de ne pas trouver sa place.

Il y a des personnes qui ont cette sensation depuis si longtemps qu’ils ont l’impression de ne pas s’en sortir et que ce sera sans fin, de renvoyer l’image d’une personne triste et déprimée qui ne va jamais bien.
Que c’est culpabilisant d’aller mal. C’est dingue.
Ça me fait mal au cœur de les sentir autant désemparés face à leur propre mal de vivre et je trouve que tout est fait pour les rendre encore plus coupables et inaptes au bonheur.

Un mal-être existentiel est profond et nécessite un travail tout autant approfondi pour aller en chercher la véritable origine.

Avec le temps qui passe et ce mal de vivre ne passant pas, beaucoup n’osent l’assumer craignant le jugement extérieur. Alors ils se cachent, censurent et finissent par faire semblant d’aller bien ou à peu près bien pour éviter ce regard parfois de pitié, d’incompréhension, de lassitude ou d’impuissance jusqu’à parfois ne plus être pris au sérieux.
C’est très difficile d’assumer un état intérieur souffrant au regard des autres et au sien.

Mais il est là ce mal-être et quand il prend le dessus on essaye de le calfeutrer mais il revient quand même. Pareil ou sous une autre forme. Beaucoup finissent par avoir peur de lui.
Par phase, par cycle, par intermittence…la peur de replonger, de le revivre se fait fortement ressentir.
Alors à part s’en vouloir, beaucoup se sentent démunis face à lui.
La culpabilité amène à se dénigrer toujours un peu plus, ce qui n’arrange pas les choses. Bien au contraire.

Ne pas comprendre son origine et ne pas s’en sortir nourrit un sentiment d’anormalité et d’incapacité qui génèrent un sentiment d’échec, de nullité et une estime de soi qui en prend un sacré coup.
Se sentant fragile, perdant confiance en soi, il est aisé de donner raison aux autres.

Toutes les personnes qui ont un réel mal de vivre se sentent incomprises et ne se comprennent pas elles-mêmes.

Chercher à aller bien alors que l’on va mal peut faire l’effet inverse contre toute attente. Vouloir la légèreté en courant après des techniques « rapides », car il y a urgence  peut être une chimère si on reste en surface. Je dis juste que pour des blessures profondes ce n’est pas adapté, mais ne remet pas en question leur utilité et efficacité.

Plus c’est profond plus c’est ancré plus c’est lourd, plus c’est dur.
Plus c’est existentiel plus c’est vital plus c’est urgent.
Plus on cherche la rapidité plus on rallonge la durée, car quand on reste en surface d’une blessure profonde, on traite les conséquences, mais pas la cause. Alors ça revient.
Si vous voulez vous débarrassez d’une mauvaise herbe qui parasite tout le reste, mais que vous arrachez seulement la feuille ou la branche sans aller à la racine… Elle repoussera encore et encore.

La magie est souvent associée à la rapidité, la fulgurante guérison, la disparition instantanée… Dommage pour la magie, mais non la magie n’est pas que rapide. Elle est à l’échelle de ce qui demande à être transformé et parfois sur des blessures profondes et bien le chemin pour y parvenir n’est plus long et délicat.

Le mal-être profond se guérit aussi et aller mieux est grandement possible. 

C’est un marathon et non une course de vitesse.
L’urgence appelle à la rapidité et cela se comprend aisément, mais je suis désolée de vous dire que tout est ici question d’échelle et de cohérence.
Alors si vous vous inquiétez, que vous avez peur d’aller encore plus mal, de replonger, de régresser visant uniquement une projection de votre bien-être à court terme, vous passerez à côté de votre guérison profonde et de tout ce qu’elle a à vous enseigner.
Car vous irez au cœur de la blessure et trouverez la flèche qui a transpercé votre cœur, votre être. Vous l’enlèverez d’un coup sec et votre cœur saignera. Je ne vais pas vous mentir. Mais vous comprendrez aussi ce que signifie le pardon d’avoir autorisé cela et la promesse de ne plus jamais souffrir ainsi.

Le processus de guérison n’est pas seulement arrêter d’avoir mal, c’est un parcours qui nous enseigne tout ce que l’on peut lire dans les livres, les fameuses clés qui permettent d’ouvrir les portes une après l’autre et d’en découvrir toute la puissance.

Le sang coulera et c’est seulement ainsi que vous réaliserez la profondeur de votre plaie, l’impact sur vous, le traumatisme et le choc vécu, toutes les défensives et les peurs qui en découlent pour se protéger comme on peut et tout le temps nécessaire pour qu’elle se referme, cicatrice.
La guérison est un acte de réparation.
Il y aura toujours la trace de la cicatrice pour ne pas l’oublier et être vigilant à l’avenir.

Toute convalescence est proportionnelle à la blessure.

Entamer ce chemin sans être réconcilié avec le temp, sautant vous dire que ça va être compliqué. Nous avons toutes et tous besoin de temps pour penser nos plaies surtout quand elles sont profondes.

Le miracle réside peut-être en cette sagesse.
Le temps ne veut pas dire rapidement. C’est une nécessité.

Adeline Ferlin

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