Opposition et complémentarité

Un des paradoxes de la spiritualité résulte dans son approche du Tout, de la Dualité et de l’Unité. Aborder le Tout comme formant UN grand ensemble cohérent tout en refusant/rejetant certaines parties les estimant alors incohérentes et imbuvables, est selon moi un réflexe qui s’explique dans cette quête. On ne peut pas tout accepter d’un coup d’un seul. Reconstituer le Tout ou tout accepter de la Vie et aussi de Soi (quête identitaire) est difficile et demande du temps. C’est progressif. Et c’est global. Tant que nous n’avons pas encore trouvé la complémentarité et le lien logique entre ce qui semble opposé et contraire, alors il reste des points de lutte, de dualité en nous et/ou avec le monde extérieur.

Passer du OU au ET

« Je suis apaisé et triste en même temps ». Cela semble paradoxal et pas normal de pourvoir ressentir les 2 émotions en même temps. Pourtant elles coexistent et expriment 2 vérités et l’une n’annule en rien l’autre.
La quête spirituelle est un cheminement identitaire vers cette acceptation et reconnaissance totale de notre être et du Monde dans lequel nous vivons. Inconditionnellement sans rien rejeter, exclure, bannir, juger…etc. La question ici est de donner un droit à l’existence de tout ce qui nous constitue, nous forme dans son ensemble. Que cela plaise ou pas cette facette là existe. « Je suis impulsif, je déteste être ainsi, je ne veux plus l’être ». L’impulsivité est exactement le même mouvement que la spontanéité. La spontanéité n’est bienvenue que si elle est agréable, l’impulsivité beaucoup moins car désagréable. Accepter d’être nature peinture, sans filtre c’est en accepter toutes les facettes. «Je suis spontané et impulsif». C’est indissociable et cela va ensemble. Accepter un tout c’est cela par exemple.

Parfois il y a des complémentarités et des liens qui sont plus difficiles que d’autres à trouver, à faire. Nous ne les voyons pas encore ou les refusons. C’est encore trop dur à accepter, à avaler, à digérer et à relier. Cela génère plus d’injustice, de colère et de révolte qu’autre chose. On a même l’impression de faire offense à l’amour. Alors lutter , chercher une autre issue, une autre solution, une autre explication est naturel. Chercher à changer sa nature pensant que c’est du développement personnel est selon moi un erreur à expérimenter. Elle permet de comprendre que le véritable changement est non pas de la changer mais de la reconnaître, l’accepter, d’en assumer toutes les facettes et d’apprendre à vivre avec. Qui ne l’a pas fait et ne le fait pas.

Le côté pratique de l’invisible

On préfère bien souvent se raconter une histoire, celle qui nous arrange. Du coup selon moi, on hésite pas à détourner et manipuler la spiritualité, la source, Dieu, le divin…avec la définition qui nous va bien à ce moment là. C’est le côté pratique de l’invisible. Comme on ne voit pas, c’est libre champ et la spiritualité peut aussi devenir un fourre-tout. Cela fait aussi parti du chemin initiatique. Retravailler sa définition. Remettre en question une théorie, une approche. Non pas pour détruire mais évoluer. En tout cas chercher. Par exemple quand on entend que les blessures existentielles nous empêchent d’être nous et l’incompréhension face à la souffrance et son inutilité, cela exprime l’impossibilité à ce moment là de relier les blessures existentielles à l’amour inconditionnel/universel. Inconsciemment cela va nourrir de la dualité, un combat intérieur, une lutte. La complémentarité n’a pas encore été trouvée.

Face à certaines oppositions la complémentarité semble encore pré-
maturée voir impossible

Je pense que la spiritualité traverse aussi cette vague que de rejeter certaines facettes de ce Monde. Oui c’est difficile à accepter et à vivre je ne vais pas mentir. Il y a de sacrés morceaux à avaler et à digérer. Parfois c’est long et douloureux à faire, cela nous demande beaucoup d’efforts et de résilience. Alors il est tentant face à certaines incompréhensions, difficultés, douleurs, injustices de refuser et rejeter plus ou moins violemment le don de la vie et d’y entrevoir son amour, soutien. Impossible. Plus facile de trouver un coupable et décider que ce n’est pas de l’amour.
Mais alors qu’est-ce l’amour?
C’est une question personnelle de perception et de définition.