On ne peut pas oublier, on ne doit pas oublier. On doit se souvenir.
Les termes nettoyage, libération, purification, etc. sont très courant dans le milieu. La volonté farouche de se libérer du passé, des mémoires et des vibrations qui nous dérangent, parasitent, encombrent, perturbent, envahissent est très claire.
Pourtant, le vécu, quelqu’il soit, a du sens même si cela peut prendre du temps pour le trouver, jusqu’à plusieurs années, vies.
Parfois les souvenirs trop douloureux, déchirants, honteux, choquants, traumatisants, marquants sont ceux enfouis au plus profond de nous.
Destination les oubliettes. Car se souvenir fait encore trop mal voir est encore insupportable.
On n’oublie pas un vécu et ce n’est pas la finalité selon moi sinon effectivement cela ne sert à rien de la vivre.
Il faut du temps et se laisser le temps pour oser le regarder et se laisser effleurer par son souvenir. C’est en général tout ce que l’on ne veut pas vivre ou revivre. Car osons dire que au-delà du désagréable, ce qualificatif n’est pas représentatif de la douleur réellement ressentie par les personnes qui le vivent.
C’est pour cela que le réveil spirituel n’est pas que fun, il réveille aussi nos mémoires de nos blessures les plus profondes et marquantes.
Chercher l’oubli est un réflexe de protection qui a du sens. Trop à vif, il est souvent prématuré pour certains ou difficiles de les accueillir pleinement. Alors le réflexe de les effacer s’explique. Et c’est tellement légitime de s’y aventurer, de le tenter, de s’y essayer. Si ça pouvait marcher!
Alors oui cela peut agir un certain temps car il est facile de s’en convaincre et rien que d’imaginer que c’est fini elles sont parties on se sent libéré et mieux. Pourtant tout ce qui est vécu et pas transformé revient. Elles nous sont nécessaires pour justement évoluer et contrairement à nos croyances permettent celle-ci. C’est tout l’inverse de ce que l’on croit ou de ce qui nous arrange de croire.
Ce qui est pensé “oublié” ne l’est jamais en réalité.
C’est une illusion que de croire les mémoires parties car elles nous façonnent et expliquent nos façons d’appréhender notre vie. Une blessure non guérie, non transformée influence forcement nos mouvements, choix, peurs, réflexes. cela nous a déjà changé. Le processus est lancé mais pas terminé.
On ne s’en débarrasse pas. Elles sont cristallisées, stockées en nous et un jour elles ressurgissent, on ne peut plus les contenir.
Quand ce jour arrive c’est qu’il est temps d’essayer de les regarder autrement pour les transformer. C’est un des sujets amenant le plus de confusions dans la libération émotionnelle et énergétique. On pense qu’il suffit de “nous libérer” et que quelqu’un possède ce pouvoir.
Je ne le pense pas. Personne n’a ce pouvoir. C’est une illusion autant pour le patient que le thérapeute.
D’ailleurs quand le thérapeute dit ” je te libère / c’est bon je t’ai liberé” alors il est facile d’y croire vraiment et on s’accroche à cela ce qui nous rassure dans un premier temps et donne ces sensation de légèreté car on imagine que c’est finit, enfin on peut passer à autre chose, cela ne m’encombrera plus.
Mais ça dure un temps et ça revient, alors qu’on croit que cela ne marche pas. On cherche une solution bien souvent extérieure et cela paraît logique à ce stade de recherche.
La bonne nouvelle c’est de chercher et explorer toutes les possibilités et cela fait parti du chemin. Puis quand tout a été exploré et que c’est toujours là, l’étape suivante s’avère être de se réapproprier sa matière, son vécu et sa mémoire.
De toute façon la vie fera tout pour les réveiller. Quand une blessure est réveillée par la vie cela fait parti du plan divin, en gros votre plan d’évolution n’est possible que par la transformation. À ce stade, ce sont plus généralement les blessures dites existentielles liées à sa place dans le monde, dans sa mission, sa famille, ses amis, son couple, etc.
C’est pour cela qu’on lutte d’ailleurs. Les résistances sont impressionnantes et énergivores mais c’est plus facile à ce moment là que d’aborder en face à face ce qui nous blesse tant pou nous a tant blessé. On ne lutte jamais pour rien. Cela prouve bien l’existence de quelque chose qu’on ne veut plus mais que cela ne suffit pas de simplement de vouloir que cela cesse, s’arrête ou continue et ne cesse jamais.
Quand il devient évident que parfois nous luttons contre pour rien du tout car il revient toujours et encore, alors vient le temps où autant lutter pour et avec lui. Comprendre que c’est de l’or non transformé, un potentiel supplémentaire pour soi, c’est le passage où on essaye d’en faire son allié et non plus son ennemi.
C’est comme tout dans la vie ça dépend de comment on choisit de voir et de prendre les choses dans son instant. Il n’y a pas d’erreur, il y a le choix du moment et c’est important de se réconcilier avec ce que l’on est capable de faire dans un instant T ou pas.
Ce qui compte c’est d’essayer.
On pense souvent qu’oublier, détruire, effacer sous couvert de libération est la clé pour avancer. La libération est la finalité. tel un oiseau qui s’envole. En réalité la mémoire qui nous plombe et nous pèse tant se transforme et devient légère, subtile nous permettant d’avancer pour aller plus loin, plus haut.
Se libérer ne veut pas dire s’en débarrasser mais transformer.
Tout ce que la vie nous apprend, nous enseigne ne s’oublie pas. cela s’appelle la roue de la transmission.
Rien ne s’efface, tout laisse des traces et je pense que nous ne devons pas oublier, nous devons nous souvenir, c’est notre matière, expérience, vécu qui devient notre connaissance, conscience, intuition, base de données.
La mémoire. Notre mémoire est notre force.
Nous sommes de la mémoire, le fruit de notre vécu, de tous nos vécus.
Pour moi, la finalité n’est surtout pas d’oublier mais bien au contraire apprendre à se souvenir d’où on vient et faire quelque chose de sa mémoire.
Je pense que l’on prend les choses à l’envers et que l’on ne voit pas la valeur ajoutée de la mémoire qui en soit permet de construire autrement, différemment et permet d’inspirer l’évolution.
Adeline Ferlin