Et si la pensée positive était une contrefaçon de la foi?

La pensée positive c’est très simple: le positif attire le positif et éloigne le négatif. Si on suite cette logique le négatif attire le négatif et éloigne le positif. Bon faut-il encore savoir ce que l’on nomme et définit comme étant « positif » et « négatif ».

Si c’est ainsi que l’on explique la loi de l’attraction c’est certes une vision plutôt limitée, culpabilisante et encore très archaïque de la spiritualité ou de l’épanouissement personnel à mon sens.

J’ose dire que c’est surtout faux. Pour moi la pensée positive vient flinguer la pensée négative et cause beaucoup de tords.

Le négatif, le damné, le méchant, l’ennemi, le vibratoire du bas astral, l’énergie basse, le plomb, le mal, souvent associé au mental, à l’ego, cette part de soi qui a le visage du diable ou du démon 😈, cet enquiquineur qui empêche le positif d’être puisqu’il est mis en opposition. Dans cette vision c’est soit l’un soit l’autre mais pas de place pour les 2. Ah oui c’est vrai que si colère pas d’amour, apparemment c’est incompatible. Alors que cela n’a rien à voir. On ne se définit pas par nos émotions et je vous rassure on peut très bien se sentir en colère et être de l’amour.

Sinon quoi d’ailleurs? Vous aurez des épreuves? Vous n’aurez pas d’abondance? Vous vivrez des mauvaises rencontres, des difficultés, rien ne sera fluide? Vous attirez le malheur à vous? Vous vivrez que des choses négatives sur votre chemin? 

En tout cas ne pas être positif semble annoncer la galère et rien de bon. Déjà que c’est pas agréable à vivre donc il est facile d’imaginer le pire.

Beaucoup font semblant et jouent à être positif pensant attirer le bon à soi. 

Même une simple pensée cataloguée négative ( comme un agacement ou une anxiété par exemple) peut finalement mettre une forme de pression intérieure car cela devient une condition à ce que la vie nous réserve. On peut même jusqu’à avoir peur d’être négatif. Dès que des pensées négatives arrivent, vite vite il faut les chasser et penser positif. Vite faut les remplacer! Le mental est souvent l’auteur de la pensée négative d’où le fait qu’il soit souvent cité. Il devient le référent, le coupable, le mauvais bougre.

Parfois le pire c’est l’accueil des autres quand on se livre ou se confie. Les phrases toutes faites s’enchaînent. On se sent encore plus nul, incompris et non accueilli, on se sent être et avoir un problème et on s’en veut encore plus. Bref je vais pas vous faire un dessin tout le monde sait de quoi je parle.

Pourtant la colère est me semble-t-il une énergie élevée et intense vibratoirement tout comme la tristesse, le désarroi, la peine, la morsure, la déchirure, la douleur, la haine, la dépression, le renoncement, le désespoir, la vengeance, la perdition, l’abandon, le rejet, la trahison, l’humiliation…l’injustice. Cela n’a rien de bas. Cela n’a rien à voir.

Alors la voilà la lutte incessante entre le positif et le négatif qui divise et ne cesse d’envahir tous ces discours de positive attitude, de joie, d’amour, de bienveillance, de perfection divine, de zenitude, de paix passant ainsi son tant à rejeter ces parts de vous, de nous exprimant ces autres vérités qui sont justes réactionnelles face à des situations, des effets miroirs, des révélateurs. Comme si il fallait que tout nous traverse sans réagir, le sourire aux lèvres telle l’image iconique un bouddha inchangé qui représente la zen attitude parfaite et constante. « Ça va tout va bien, cool, zen, détends toi voyons. » ( ça c’est la phrase qui énerve encore plus 😠)

Mon questionnement: Et si la positive attitude, énergie qualifiée pour beaucoup comme élevée et haute, était simplement confondue avec le fait d’avoir la foi, de continuer d’y croire même si c’est dur, très dur?

Et si la pensée positive c’était une contrefaçon de la foi? C’est ainsi que je le vois.

Le paradoxe avec la pensée positive c’est que ça semble magique, sans effort, sans pratique, comme une récitation que l’on répète mais sans la pratiquer et sans avoir réellement compris ce que l’on récite. C’est du tout cuit, moulé, ça sonne bien, c’est facile à retenir, à dire. Je le répète c’est surtout hypocrite et culpabilisant car impossible en soit. Chasser le mental c’est une façon de diviser son esprit

Car c’est bel et bien dans la difficulté et l’épreuve que l’on cultive et renforce la foi. Et la foi c’est profond et elle se cultive, se développe, s’ancre. C’est une façon d’aborder la vie qui est simplement d’apprendre à lui faire confiance quoiqu’il arrive, c’est savoir que rien ne sert à rien, que tout est richesse même même si on ne voit pas encore en quoi. C’est apprendre à ne plus, pas subir la vie même si on hurle, on craque littéralement quand on est dans le dur. Elle permet de tout accepter d’elle comme une offrande pour transformer, s’enrichir. C’est réellement une question de confiance. Les yeux fermés. C’est savoir d’elle que tout ce qui est vécu est juste, cohérent et à point nommé. C’est simplement la capacité d’accueillir la difficulté et la facilité à l’échelle de ce qu’elle est. Accueillir tout de la vie peut se faire dans la grâce et les larmes, dans la douleur comme dans le soulagement. Elle permet de tout vivre. TOUT.

Avoir la foi quand tout est tranquille, facile et quand tout va bien c’est plutôt facile mais quand il s’agit de garder la foi dans l’épreuve, dans le dur et quand rien n’est facile c’est loin d’être une une question de rester positif ou pas mais une question de renforcer la foi malgré la mise à l’épreuve. 

Ce n’est plus une question de négatif ou de positif pour moi mais seulement l’opportunité de savoir transformer nos expériences en richesse et là on peut parler d’abondance.

Si vous saviez l’impact dévastateur de la pensée positive. Trop peu parlent de la partie cachée de l’iceberg.

Les vérités censurées, celles qualifiées de négatives sont refoulées, cachées, jugées générant de la culpabilité, un sentiment de honte et d’échec.

Être positif devient à elle seule une croyance limitante censurant l’expression pleine et entière de nos maux, de nos pensées. Elle est l’idéal pour passer à côté de la guérison émotionnelle car il n’y a rien de mieux pour somatiser ce qui demande à sortir, à s’extraire, à délivrer.

Les dégâts sont parfois considérables. C’est une leçon de la vie que d’arrêter de bannir le négatif. Le positif et le négatif ne veulent rien dire en soi. Ce sont des émotions, pensées différentes qui expriment des vérités différentes face à des situations différentes et des êtres différents qui ont des histoires et des chemins différents.

Bien sûr que broyer du noir, subir son chemin et perdre la foi impactent sa philosophie de vie mais ce n’est pas négatif en soi. Ce sont des états d’âme qui demandent aussi à être accueillis et légitimés. Se sentir plombé n’est pas  négatif. Il s’agit de sa matière première qui demande à être transformée et pour y arriver il faut bien la réveiller, la vivre, la ressentir, l’observer, l’étudier et en extraire l’enseignement de la vie qui demande à être cultivé. Seule la transformation de notre plomb en or amène à la légèreté.

Se dire tous les matins « je vais bien, tout va bien » alors qu’en réalité là et maintenant « je me sens mal, j’en ai marre de cette vie, rien ne me va » est un leurre. C’est se convaincre de quelque chose qui est faux. Et on ne peut transformer que ce qui est vrai, pas ce qui est faux.

Si je vais bien je vais bien, si je vais mal je vais mal. Et ce n’est pas bien ou mal, ce n’est pas positif ou négatif. C’est la vérité du moment et c’est le seul point de départ pour avancer.

Sortir des sentiers battus du conflit positif/négatif est un pas ascensionnel non négligeable qui donne une légitimité et une liberté d’expression à l’ensemble des émotions, des ressentis sans conditions grâce à l’accueil et l’amour de soi. Rejeter une part d’elles revient à rejeter également son être.

Penser positif n’est pas une formule magique qui évite les difficultés et les épreuves.

Penser négatif ne prive pas des facilités non plus et n’est pas non plus à l’origine des difficultés et des épreuves.

La clé est d’arriver à ne pas subir son existence car cela a une effet multiplicateur conséquent sur la difficulté engendrée.

Adeline Ferlin

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