Le don de l’erreur

Je me suis plantée sur plein de choses et je me plante encore. C’est assez drôle de réaliser l’usage de ce mot dans ce contexte là.
Quand nous nous trompons nous semons effectivement une graine. Nous plantons le fruit, les conséquences de notre erreur pour essayer de ne pas recommencer. Nous plantons la prise de conscience de ce qui doit changer pour la suite. Si dur de réaliser également ce que nous perdons, provoquons…Parfois les conséquences sont lourdes à assumer, à se pardonner, à s’en remettre.
Comment faire pour changer ce qui s’est passé? Comment me rattraper? Comment? Aucun retour en arrière possible. Mais alors comment faire? L’intention ne suffit pas. Cela nécessite de la faire germer et pousser. Parfois trop tard. Et non cela ne se fait pas par magie. Ce serait bien mais non. On aura beau y mettre tous les engrais du monde pour booster sa pousse, accélérer son développement…ce sera un travail de fourmi, de persévérance et de volonté. Tout dépend du sujet, d’où nous partons et où on voulons aller.

Face à l’erreur il est normal de se sentir coupable ou de rendre l’autre
coupable

Le regret, les remords, la colère, la déception de soi dans ces moments là est logique tout comme il est normal de se sentir coupable, car oui comme tout le monde nous pouvons faire des victimes. Inversement nous pouvons être « victime » d’une erreur de l’autre.
Reconnaître ses actes c’est déjà prendre grandement ses responsabilités. Il est tentant de vouloir se flageller, se punir (terrain glissant quand on a tendance à se remettre beaucoup en question et je sais de quoi je parle). « Insatisfaisant. Cela ne va pas et en plus c’est de ta faute. » Regretter un geste, un mot, un choix, une injustice, une méchanceté, une trahison, un rejet, un abandon de notre part est légitime. S’en vouloir est une réaction somme toute normale. Comment rester impassible devant ce constat? Apprendre à s’accompagner dans nos erreurs est nouveau et la finalité n’est nullement de cesser ce mouvement envers soi-même mais d’arriver à ne pas le subir et à le transformer en or, en mieux, en une initiation au service de notre évolution.

Le regret laisse peu à peu place à la gratitude et au pardon

La graine germe et commence sa poussée. N’oublions pas que le lotus sort des eaux troubles, tout comme nous. Alors quand nous réalisons ce que nos erreurs nous permettent de modifier, de rectifier, de changer dans une finalité d’amélioration nous ressentons de la gratitude pour tout ce qui a été vécu et nous ne changerions rien. Combien disent des années après «  je ne changerais rien car je sais ce que cela m’a apporté et en quoi cela m’a changé et toute la richesse ». Alors oui je me plante.
Soyons honnêtes, il y a clairement des erreurs que j’aurais vraiment aimé éviter. Quand cela touche certains sujets sensibles et précieux pour soi, c’est d’autant plus difficile à se pardonner et à continuer « sans » ou plutôt « avec », tout dépend comment on choisit de voir les choses. Parfois j’ai été prétentieuse en surestimant mes aptitudes pensant que je pouvais le faire, que j’y arriverais. Et parfois j’y suis arrivée plus facilement que ce que je pensais en sous-estimant également mes capacités.
Les épreuves sont des révélateurs. C’est pour cela que l’on dit «  se révéler dans l’adversité ». J’ai ma conscience, j’ai obtenu les éclairages nécessaires pour continuer autrement. J’apprend à vivre avec et à m’en servir. Il m’est insupportable de ne rien en faire. Alors je vois et revois le don de la vie et de ce qu’elle me montre. Je ne pouvais le voir avant de le vivre.

Le perfectionnement ne veut pas forcément dire atteindre la perfection.

Parler et évoquer certains sujets ne veut pas dire que je n’y suis pas confrontée moi-même. Si la perfection signifie plus aucune erreur alors comment me perfectionner? Comment m’améliorer? Devenir une meilleure version de moi-même? La puissance du sage n’est-elle pas de rester l’élève? Le pardon prend place en nous quand nous comprenons et acceptons que l’éclairage et la lumière n’auraient pu être possibles sans se tromper. C’est accepter notre mécanisme d’apprentissage et toute la force de la complémentarité. Le pardon n’est pas là pour uniquement se donner bonne conscience et continuer sans agir ni réagir.
Même si cela prend du temps il est important d’en tenir compte pour la suite sinon cela peut dans le cas contraire pas servir à grand chose. Le savoir et en avoir conscience ne suffira pas et la vie, dans sa démarche d’initiatrice ne se gênera pas pour nous le rappeler. Comment ne pas pardonner aux autres ce que moi-même j’arrive à me pardonner?
Tout cela nous invite à être toujours un peu plus juste. Faut-il encore accepter nos injustices envers les autres et nous-même de la part des autres également. Tous droits réservés – Adeline Ferlin – Mars 2023

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