L’abus d’altruisme chez les personnes sensibles voir hypersensibles. Pourquoi?

L’abus existe dans tous les domaines et il y en a un qui me touche particulièrement c’est l’abus de compréhension qui vient chercher les personnes sensibles, empathiques et doté d’une grande capacité d’altruisme et de compassion.
Autant ils sont clairement et fréquemment abusés autant il sont de leur côté très attentifs à ne pas abuser des autres. Ils ne veulent pas profiter des autres.

Plus nous sommes sensibles, plus nous avons cheminé et pratiqué les difficultés et épreuves de la vie. Notre vécu permet par conséquent de reconnaître par quoi passent les autres et ainsi de comprendre ce qu’ils vivent. Nous sommes sensibles à leur vécu grâce à notre propre vécu. C’est la capacité de reconnaissance qui est activée ici même.
Nous savons ce que c’est et nous offrons aux autres ce que nous aimerions ou aurions aimer recevoir quand ce fût ou sera notre tour.
Nous nous mettons à leur place tout simplement et quand une personne vient chercher chez nous le « tu comprends » elle nous demande indirectement de se mettre à sa place.
Notre sensibilité permet notre altruisme et surtout de comprendre la difficulté d’autrui quand il y fait face.
Alors nous faisons preuve d’empathie, nous l’excusons en quelque sorte car cela arrive à tout le monde, même à nous-même.

Pour beaucoup ces qualités sont « normales » et « coulent de source » à leur échelle. C’est tellement normal pour eux qu’ils les banalisent et ne leur donnent pas de valeurs, d’où l’abus.
Alors que c’est un don précieux.

Quand le « tu comprends » devient introductif, répétitif et l’argument numéro 1 pour nous faire tout accepter, craquer, attendrir, avaler la pilule, pour aller chercher en nous notre considération, sympathie, générosité, indulgence, gentillesse, pardon, souplesse, tolérance et notre grande compréhension, je peux juste vous dire que beaucoup se font avoir et abusé et que cela en fait souffrir plus d’un.

J’insiste sur l’aspect répétitif qui peut devenir une habitude et ainsi constituer la base de l’abus. En général nous y sommes sensibles, nous nous faisons la remarque et c’est là où nous devons en tenir compte. Précisément là et pourtant nous passons souvent outre.

Jouer sur la capacité de compréhension d’une personne peut devenir abusif et le pire c’est de constater que même là notre 1er réflexe est de se remettre en question jusqu’à culpabiliser d’avoir oser penser cela d’eux.

Je me suis souvent faite avoir comme beaucoup.
« Tu peux comprendre Adeline, tu es intelligente », « je sais que toi tu vas comprendre », « ja savais que tu allais comprendre » ( ça c’set la version quand on nous met sur le fait accompli)
C’est très flatteur et pourtant cela n’a rien à voir. C’est quoi la rapport? Personnellement en agissant ainsi avec moi j’avais la sensation inverse, celle d’être prise pour une idiote. Cocasse quand même quand on y pense!

La compréhension n’est pas un passe droit et ne permet pas tout. Loin de là.
« Je comprend oui mais je fais aussi la part des choses et cela ne te donne pas le droit d’en profiter « . C’est du discernement et c’est la clé pour ne plus tomber dans le panneau et arriver à respecter nos limites avec nous-mêmes.

L’abus se niche ici, dans le fait d’en profiter un max et ne pas savoir s’arrêter.
Cet abus est souvent indissociable de notre rapport affectueux avec nos proches, nos plus proches, intimes. Ainsi notre affect crée une confusion et devient également un passe droit supplémentaire « Oui mais c’est mon chéri, mais c’est ma fille, mais c’est ma mère, mais c’est mon amie ».
On peut également le vivre dans toute sorte de relations, c’est juste que quand il y a de l’affect cela nous blesse plus profondément car celui-ci amène toujours un coefficient multiplicateur à nos blessures. Vous prenez chiffre en mathématique et vous y ajoutez une puissance, c’est tout comme.

Je ne peux pas parler d’abus d’altruisme sans évoquer l’abus de confiance également.

Pensant que nos plus proches ne vont jamais abuser de nous, car incapables de nous faire du mal, certains en profitent pour abuser. C’est une faille comme une autre et quand on peut s’y engouffrer certains y voient toujours un intérêt, proche ou pas proche. Des opportunistes.

L’exercice ici est:

  • S’en rendre compte, en prendre conscience, écouter sérieusement son ressenti. Je le répète c’est la répétition de situation qui vont nous mettre la puce à l’oreille. En gros ce n’est plus exceptionnel, c’est devenu une habitude. ( combien se disent : c’est abusé quand même! Il/elle exagère…)
  • Quand cela arrive essayer de pas croire que nous sommes fous ou folles, méchants et avons de mauvaises pensées à l’égard de celui ou celle qui abuse de notre compréhension.
  • Prendre du recul pour se demander ce qui nous dérange, nous frotte et conscientiser quelle limite a été touchée en nous
  • Observer nos réflexes dans ces moments-là.
  • Accueillir ses ressentis, ses craintes car bien souvent nous ne savons pas comment agir et faire pour changer la situation. Ce sont des personnes que nous apprécions, aimons et nous ne voulons pas les blesser et en // nous voulons mettre un terme à cet abus.
  • Comprendre que la personne concernée ne peut pas deviner nos limites et l’avis ressenti car elle n’est pas nous!
  • Ne pas attendre d’autrui une prise de conscience pour que cela cesse puisqu’il s’agit de nos limites et non des siennes.
  • Arrêter de croire que ce qui est évident pour nous l’est forcement pour les autres. Archi faux!
  • Arriver à exprimer ses limites et accueillir ses propres peurs en osant poser ses limites. En général nous craignons l’incompréhension, d’être accusé de chercher le conflit, de faire des histoires pour rien, pas pris au sérieux, de nous faire des films, ne pas être reconnu, bref nous avons peur des conséquences sur nous. À identifier en travail individuel.

Parfois ce sont les personnes avec qui nous pensons être le plus en sécurité qui en réalité sont les plus insécurisantes et c’est bien cela qui nous blesse autant. C’est contre toute attente car ce sont bien d’eux dont on se méfie le moins. C’est bien auprès de ceux et celles en qui nous faisons le plus confiance où règnent le plus d’abus, de confusions, de passe droit et d’horreurs.

Les liens affectifs, familiaux, professionnels et autres deviennent alors une excuse pour tout se permettre( et je ne parle pas de tous les autres abus bien connus et graves).

Notre confusion à nous est de croire que nous sommes tous pareils et égaux et que justement parce que ce sont des personnes que nous aimons et qui sont censés nous aimer nous leur faisons pleinement confiance et ne posons pas de limites pensant qu’ils vont le faire par eux-mêmes.
Pour nous quand il y a de l’amour il n’y a pas d’abus.

Finalement tout dépend de notre définition de l’amour 🙂 et quand on creuse on se rend vite compte que c’est un terme tout autant profond que banalisé et un fourre tout sans nom qui veut tout et rien dir tout n faisant croire que nous en avons toutes et tous la même définition.
Faux.

Adeline Ferlin

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