Le droit d’aller mal, de chuter, de tomber, de craquer, de pleurer, de hurler, de tout envoyer bouler, de stresser, d’être anxieux, angoissé, tourmenté et de s’inquiéter. Le droit d’avoir peur, de douter, de perdre confiance et espoir, de ne plus avoir envie d’y croire, de se battre encore, d’en avoir marre, de se laisser aller, de baisser les bras, d’abandonner.
Le droit de ne plus avoir envie de faire des efforts, de s’adapter, de comprendre et d’écouter les autres, leurs histoires, leurs soucis.
Le droit d’être usé, fatigué, lasse et avoir juste envie de ne rien faire. Le droit de culpabiliser, oui s’en vouloir de ne pas avoir la force de changer les choses.
Le droit de souffrir, d’avoir mal et d’avoir envie que tout s’arrête et d’en finir.
Le droit de végéter, d’être triste, ailleurs, maussade, absent. Le droit de se sentir lourd, pas drôle, négatif et d’exprimer que rien ne va plus( parce qu’à ce moment là c’est vrai).
Aller mal est le point de départ de tout mieux être. Il faut bien aller mal se sentir mal pour dire stop et exprimer un besoin de changement.
Le droit d’aller mal est une affirmation de soi et de son existence puisqu’il existe bel et bien. Non pas pour se complaire dedans mais pour lui rendre sa juste place et enfin le regarder dénué de pitié et de honte.
« Mal être, toi le mal aimé dis moi ce qui te rend si mal, dis moi ce qui te fait tant souffrir et qui nécessite un mouvement, un changement. Dis moi de quoi tu n’en peux plus, de quoi tu en as marre et ne supporte plus. Dis moi ce qui est si difficile pour toi. Parles…dis moi tout, je t’écoute sans te couper la parole ni te trouver une solution immédiate, sans te faire disparaître ni te chasser. Je suis là pour toi aussi».
Le mal-être parle avant tout de changement et c’est bien le fait se se sentir mal qui pousse à sortir et s’extraire de tout ce qui gêne, blesse, dérange, devient désagréable et pire. Le mieux-être est possible grâce au changement car chercher à aller mieux sans rien changer me paraît bien illusoire. Le mal-être mène au renouveau en exprimant la fin d’un cycle, d’une période, d’une version, ses limites, son étroitesse incitant à grandir.
Les changements amènent à quitter le connu pour l’inconnu. Et c’est le sujet majeur.
Quitter un connu qui rend mal est plus difficile que d’y rester car ce même mal-être peut devenir une zone de confort pour ne pas affronter l’inconnu. On peut préférer y rester plutôt que d’opérer des changements. Y rester peut sembler plus facile que d’en sortir et cela se comprend parfaitement.
Quand vient le moment où rester dans sa zone de connu devient trop difficile alors se confronte 2 difficultés : celle de choisir de rester dans le connu impliquant d’assumer de rester mal ou alors celle d’oser aller mieux suggérant d’aller vers l’inconnu en opérant des changements pour aller vers un autrement qui n’existe pas encore et de construire un mieux inspiré de ce mal-être.
Ça paraît bizarre de parler ainsi mais c’est la réalité.
Un changement ne se fait pas en claquant des doigts, cela demande de passer par une multitude d’étapes au préalable.
La première: ne surtout pas censurer et faire taire son mal-être, ne pas faire semblant d’aller bien, ne plus culpabiliser d’aller mal…
Le mal-être peut devenir plombant quand il a besoin d’être entendu et sommes sourds à lui. Un jour, à trop l’ignorer, le sous-estimer, le relativiser, faire comme si c’était rien ou pas grand chose, juste passager, alors il peut devenir de plus en plus lourd à porter, supporter, cacher, taire pour prendre le dessus pour être enfin écouté et entendu. Moins on l’écoute plus il grossit et devient lourd pour se faire entendre. On peut résister à son mal-être jusqu’à parfois n’en plus pouvoir et totalement craquer, s’effondrer.
C’est ainsi que nous réagissons face au mal-être.
On n’écoute pas le mal-être, on le chasse et on veut s’en débarrasser, vite.
Aller mal est tellement désagréable, difficile, confrontant, douloureux parfois à vivre et à accepter par soi, les autres. On le sait tous. Ce n’est jamais facile d’aller mal et tellement peu l’exprime, l’avoue et l’assume. C’est tellement tabou encore que aller mal paraît anormal, suggérant alors que des gens ne vont jamais mal. Faux, tout le monde connaît le mal-être. Pas grand monde l’assume.
Je reste persuader que l’on se trompe sur le mal être, on ne sait pas l’écouter ni l’accueillir et c’est loin d’être négatif car c’est en lui seul que se trouve la réponse du changement et de la transformation à venir.
La graine du mieux-être se trouve dans le mal-être. Alors cessons de vouloir éradiquer et tuer le mal être. Servons-nous en pour avancer et aller mieux, de mieux en mieux.
Le mal être ne s’achète et ne se consomme pas alors comprenez que le bien ou mieux-être non plus.
C’est du développement personnel et cela demande de faire un travail sur soi, du temps, de la pratique( et des efforts oui).
Adeline Ferlin