Du déséquilibre à l’équilibre

J’ai vécu, testé, fait, expérimenté les opposés, même les plus extrêmes. Je ne suis pas mieux que n’importe qui dans le sens où mon chemin m’a demandé de le vivre, comme tout le monde. Nous sommes égaux en cela.

L’inégalité s’explique en fonction de là où nous en sommes sur le chemin de l’équilibre. Tout dépend de notre avancée et selon moi nous n’en sommes pas au même stade. Les écarts de conscience sont des écarts d’avancées dans cette quête et cela ne fait pas de nous des êtres inférieurs ou supérieurs.

Quand le voile se lève, je pense que sa finalité est de nous remettre à notre juste place dans le sens où il est temps de se rappeler d’où nous venons et tout ce parcours pour arriver exactement là où nous sommes et là où nous ne sommes pas encore.

J’ai tout tenté, essayé et j’ai vu en chaque extrémité ce que la vie souhaitait me démontrer, me dire, me révéler et m’enseigner. Et à chaque fois que je revenais d’une exploration extrême je basculais de l’autre côté, en allant chercher sans m’en rendre compte l’opposé exact en contrepartie.

D’une vie à une autre. D’une incarnation à une autre. Je tissais ma toile, mon chemin vers l’équilibre.

Quand j’étais au bout du bout d’une extrémité, au bord du précipice, j’en vivais systématiquement les conséquences et hop je basculais de l’autre côté pour rétablir l’équilibre. L’autre côté était forcement tout autant extrême. 

C’est ainsi que j’ai valsé et que je suis passais d’une expérience à une autre, qui était systématiquement la plus opposée à ce que je venais de vivre, et ainsi de suite. La dualité reflète l’opposition, le contraire. Je me construit ainsi, j’ai besoin d’elle pour comprendre et évoluer. J’ai besoin d’aller au plus loin pour aller au plus près.

Je suis ainsi passé du rejet à la tolérance, de l’abandon au soutien, de la trahison à la fiabilité, du mensonge à la vérité, de l’orgueil à l’humilité, de la vanité à la modestie, de la vengeance au pardon, de l’abus à la considération, de l’arrogance à la modestie, de la condescendance à la simplicité, du faux au vrai, de l’hypocrisie à l’authenticité, de la peur à la vigilance, de l’immaturité à la maturité, de la culpabilité à la responsabilité, de la confusion au discernement, du vol au don, de l’ingratitude à la reconnaissance, de la démesure à la justesse, de la désunion à l’union, de l’égoïsme à la solidarité, du renoncement à l’espoir, de la résistance à la résilience, de l’arrivisme à l’altruisme, du sacrifice à la dévotion, de la méchanceté à bienveillance, de la cruauté à l’humanité, de la dureté à la tendresse, de l’indifférence à la compassion, de la froideur à la chaleur, de la fermeture à l’ouverture, de la sècheresse à l’abondance, de l’insensibilité à la sensibilité, de l’inconscience à la conscience de tout ceci.

De gauche à droite, sautillant d’un pied à l’autre. Le pire et le meilleur, du plus laid au plus beau de moi et des autres.

Au début les écarts étaient très grands et controversés…et j’imagine que j’étais loin de sautiller. Il est nécessaire d’intégrer que tout est proportionnel et à l’échelle du déséquilibre. 

Je devais vivre tous les extrêmes dans leur opposition pour apprendre à doser. 

Puis au fur et à mesure cet écart s’est réduit, s’est amenuisé pour se rapprocher du centre.

J’ai exploré le mal, le bien.

J’ai fait souffrir, j’ai souffert à mon tour. Dominant, dominé, écrasant, écrasé, humiliant, humilié, rejetant, rejeté, abandonnant, soutenant et présent, fuyant, assumant, bourreau, sauveur, victime, richesse, pauvreté, se surestimant, se sous-estimant, honteux, fière, orgueil, préjugé, se sentant supérieur et inférieur, jusqu’à se punir, se flageller et se sentir un moins que rien. Le pouvoir, la luxure, l’image, narcissique, pervers, tordu, manipulateur, le contrôle, l’autorité, la soumission, la torture, la mise à mort, le meurtre, la maladie, l’indécence, la mort, la souffrance, la douleur et tout ce qui nous dévore. Le dépouillement, la rue, la faim, le froid, la misère, la guerre, le soldat, l’enfant qui meurt sous les balles, le sang, la chair, les cris, les larmes, la perte, l’impuissance, la caresse, le sourire, le pain, le gîte, la main tendue, les bombes, la menace, le chantage, l’otage, les coups, la prison, la libération, la joie, le soulagement, la prière, la foi, la  farandole, la survie, le devoir, la dépendance, l’émancipation, la dictature, l’angoisse, la pression, le règne, la revanche, le combat, la lutte, la révolution, le soulèvement, la grève, la colère…oui la colère face à autant d’injustices dans le monde.

De la démesure à la mesure. Oui tout ça pour ça.

Plus je me rapproche du milieu moins je comprend l’injustice. Normal en soi. Cela prouve que je chemine et que j’avance vers cet équilibre tant recherché. 

Cela ne se vend pas l’équilibre, cela se construit, se bâtit, se crée grâce à tous mes déséquilibres passés et encore actuels.

Sans le savoir toutes mes expériences aussi extrêmes soient-elles étaient bien relié par un seul fil. C’est cela le secret de la complémentarité et de l’unité.

J’ai cherché sans savoir ce que je cherchais.

C’est ainsi que j’ai trouvé le juste équilibre.

Je marche sur un fil tel un équilibriste qui fait tout pour ne pas/plus tomber dans l’excès de quoi que ce soit.

Cela explique pourquoi nous ne comprenons plus les excès, les extrêmes, dans un sens comme dans un autre. Cela prouve que nous nous en rappelons car nos avons des réflexes que d’autres n’ont pas encore et que nous n’avons pas toujours eut non plus.

La mémoire opère inconsciemment en nous tous. Il n’y a qu’à regarder nos mouvements, réflexes, instincts. Il y a des choses vers lesquelles nous n’allons plus naturellement.

Cela prouve que nous l’avons déjà expérimenté et que nous en revenons. Nous connaissons par expérience les conséquences de chaque extrémité, chaque rebords d’où la nécessité de se rapprocher inconsciemment du centre, du juste milieu.

Voilà comment nous apprenons à trouver l’équilibre en nous et comment nous devenons de plus en plus juste avec nous.

Pour moi il n’y a pas d’autres solutions. 

Adeline Ferlin

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