Les chagrins d’amour, ces moments où on se dit au revoir alors que l’on s’aime ou que l’on aime encore, toujours et infiniment.
La fin d’une histoire ne veut pas dire la fin d’un amour.
Cela ne se résonne pas, ne s’explique pas, ne se justifie pas, ne se contrarie pas, ne se tord pas…c’est une énergie qui ne s’arrête pas du jour au lendemain. Jamais en réalité. Elle restera à jamais en nous.
On cherche au départ, puisque rupture, à en sortir, à en finir définitivement. Compliqué quand c’est infini, sans limite.
L’amour blessé et qui semble détruit se reconstruira autrement grâce à lui aussi. Là est son secret le plus enfoui à trouver, tel un trésor enseveli.
Je ne pense pas que l’on puisse ne plus aimer l’être tant aimé là comme ça d’un coup d’un seul en appuyant sur un bouton “FIN”. Si parfois il s’avère si facile de ne plus aimer peut-être pensions-nous alors connaître l’amour et que finalement nous aimions davantage ce que l’autre nous renvoyait sur nous que l’être lui-même. Nos amours diffèrent c’est sûr et puis il y a celui qui diffère de tout, nous transperce et nous emmène loin, très loin. Parfois trop, comme un vertige.
Aimer vraiment une personne contre vents et marées reste unique étant donné que la personne est unique, irremplaçable.
Pourquoi elle et pas une autre n’est pas important puisque nous l’aimons elle pour ce qu’elle est sans qu’elle ne fasse rien de spécial, juste en étant elle au-delà de ses actes et choix ou de ce qu’elle montre. C’est presque impossible à expliquer et c’est justement cela qui diffère. « Je ne sais pas pourquoi, je ne cherche pas à savoir et c’est là la différence ».
Je parle ici de cet amour de l’autre au-delà de nous-même, cet élan qui se traduit par un mouvement naturel qui ne s’explique pas. C’est ainsi.
Cet amour là est tellement véritable qu’il peut même donner la sensation de prendre le contrôle sur nous qui pensions le contrôler jusqu’alors.
Tant désiré, voulu, attendu et projeté, il désarçonne. Contre toute attente, surprenant, saisissant, il peut faire peur et des systèmes de défense, de résistances, de fuites, d’abandon peuvent se manifester. Il déroute, bouleverse et on ne peut rien contre lui. On est pour et avec lui et on le suit naturellement. Je ne vois pas comment faire autrement. C’est une attraction naturelle et lutter devient alors contre nature dans le sens où nous faisons des choix à contre cœur.
Je pense que malgré la rupture, la séparation, l’impossibilité de le vivre et de l’exprimer pleinement dans la matière nous apprenons à vivre avec tout en apprenant à vivre sans.
Pas simple. L’amour étant libre par définition, ne s’emprisonne pas.
Cette sensation d’amour planté, inachevé, gâché, inaccompli, d’une histoire pas finie provient de cet amour infini, celui qui ne finit jamais.
Rien ne peut l’arrêter, même avec une rupture, quelque soit sa forme.
Même si cet amour nous a tout fait vivre et expérimenter, le meilleur comme le pire, tout nous a marqué profondément chez lui.
N’est-ce pas l’épreuve véritable du mariage d’amour véritable?
Quand il sera lavé de toutes ses tâches de sang, larmes et sanglots, du chagrin occasionné..de toute impunité, soupçon, orgueil, de toute forme de rejet, d’abandon, de trahison, mensonge et lâcheté…quand il sera réparé et recousu soigneusement de toutes ses déchirures et fêlures parce que parfois trop démuni et impuissant face à un amour encore trop grand pour nous…quand il sera recollé comme une lettre d’amour déchirée de colère et d’incompréhension dans un moment où il nous dépasse, nous explose.Réalisant que nous abîmons cet amour si précieux nous avons alors envie de le protéger et le préserver de tout cela, l’entourer de nos bras, l’envelopper, s’y blottir, sentir son souffle et sa simple présence et existence pour le caresser d’une tendresse que je ne peux nommer, lui dire que nous serons toujours là quoiqu’il arrive, lui demander pardon d’avoir été si injuste avec lui pensant en avoir été privé…
Un jour, on comprend que l’on ne peut rompre, détruire et désunir ce qui nous a unis, réunis.
Moi, je n’y crois pas.
Il y a un deuil à faire, un travail d’acceptation, de pardon et de réunification. L’amour ne meurt pas. Il survit à tout et lui aussi se transforme avec notre propre transformation. Il peut changer, évoluer et grandir autrement mais c’est toujours lui et surtout avec lui. Il ne se dénature pas malgré l’épreuve de la séparation.
On aura beau se convaincre, se raconter des tas d’histoires pour oublier le plus vite possible l’être aimé mais rien n’y fait. Certains iront jusqu’à lui trouver tous les défauts du monde, se lover dans d’autres bras, chercher ailleurs ce qui n’existe que chez lui, se persuader et trouver tous les arguments possibles pour oublier, ne plus y penser et ne plus aimer. Pourquoi tenter tout cela quand l’amour n’est plus? C’est qu’il est bien là.
C’est une forme de contrôle. On se rassure comme on peut.
On l’emprisonne, le contraint à se taire, ne plus rien émettre, rien exprimer, plus aucun mouvement…Il doit disparaître, devenir l’ombre de son ombre, cesser d’exister.
Pourtant, il est là, quitte à nous hanter même classé et rangé sur une étagère prenant la poussière.
Quand on aime, on aime et c’est loin d’être un concept ou une idée que l’on projette.
Ce n’est pas nous qui le façonnons, c’est lui qui nous façonne et nous transforme.
Il nous fascine. Le vivre permet de le découvrir tel qu’il est vraiment, nu, pure et brut. Quand rien n’arrive à le déformer alors oui je parle d’amour véritable.
À sa conquête, rien ne nous arrête et quand nous nous arrêtons, rien ne l’arrête malgré la rupture.
Ce lien qui semble fini, achevé, haché, détruit, éclaté, enterré comme un mort n’a jamais été si vivant et présent de par son absence.
Moi là, je fais wahou… Je l’avoue.
L’amour quand il est si fort nous accompagne dans notre chagrin et c’est lui qui, contre toute attente, nous guérit, nous apaise, nous pardonne, nous réconcilie, nous fait accepter la rupture, la cassure, la fin d’une non fin.
Lui ne finit pas, c’est nous qui recommençons grâce à lui autrement. Ce qui nous paraissait alors impossible devient possible, si injuste…juste. Il suffit de savoir l’observer et oeuvrer et un jour on comprend.
L’amour véritable nous surprend dans sa force d’enseignement en comprenant que rien ne peut l’arrêter. C’est souvent nous qui voulons l’arrêter pour des tas de raisons.
Quand on est prêt à tout par amour, lui aussi est prêt à tout pour nous.
Je ne peux que m’incliner devant lui et lui dire merci pour tout ce qu’il m’aura appris, donné, offert, apporté jusqu’à aujourd’hui tout en ayant conscience que c’est loin d’être fini.
Je me nourris de lui, de nous et ces mots qui semblent tellement communs et ne quittent pas mon cœur, mon âme ni les lèvres de l’être que je suis devenue: je t’aime et cet amour-là est infini.
Mon “je t’aime” aura évoluer, sa couleur aura une autre nuance certes, encore plus belle, profonde et toujours aussi réelle.
Aujourd’hui je sais pourquoi il devient plus grand et plus juste.
C’est en le vivant que j’accède à lui et à son immensité qui est son infini à lui.
L’amour reste et restera à jamais mon binôme et rien ne peut nous séparer.
Adeline Ferlin