Rien ne s’oublie. Sans son passé, l’âme n’a pas de présent.
Accident, maladie, perte d’un emploi, perte d’un être cher, séparation, divorce, abus, agression, maltraitance, trahison, rejet, expulsion, violence, solitude, moquerie, harcèlement, acharnement, procès de fausses accusations et intentions, injustice, mépris, isolement, abandon, humiliation, reproches et tant choses encore pour décrire tout ce qui peut meurtrir, heurter, blesser et générer une souffrance et des séquelles, traces indélébiles de nos blessures.
La pauvreté humaine fait mal ( à en être dégoûté) et même si il est difficile et incompréhensible d’en saisir le sens quand cela arrive, le temps délivrera un jour ses secrets pour un”plus tard”. Tout ce qui est vécu sert à quelque chose même si l’âme n’en voit ni l’interêt ni le bien fondé en le vivant dans l’instant et dans un futur plus ou moins proche. Normal.
En s’incarnant, l’âme vit différents traumatismes à travers le temps et ne les oublie pas. Elle garde les traces de tout et comme elle ne vit pas que cela elle se souvient également de toutes les autres saveurs dont celles liées au bonheur.
Toutes ces vibrations confondues du plus beau et du plus laid se sont imprégnées en elle.
Quand ce passé est lointain ( autre vie par exemple/ enfance) et/ou bloqué volontairement car encore trop douloureux et trop tôt pour raviver la mémoire, l’âme ne se souvient pas forcément des détails précis ni de l’origine exacte de ce qui a pu générer toutes ces traces sur elle qui conditionnent son comportement vis à vis d’elle et du monde extérieur. Par conséquent elle incarne toujours et souvent par réflexe les conséquences directes de ses mémoires.
Il est important de comprendre que les mémoires de l’âme ne sont pas limitées à des traumatismes et des blessures. Sinon il n’y aurait pas de dualité. Elle vit aussi les aspects les plus beau de la vie qui vont tout autant la marquer. Elle le sait par expérience et parfois sans explications concrètes non plus (comme une vérité, une évidence intérieure) que ce monde regorge également de richesses humaines telle que bonté, loyauté, fidélité, honnêteté, amitié, sincérité, solidarité, gentillesse, empathie, compassion, main tendue, présence, écoute, accueil, justesse, respect, partage, authenticité, fiabilité, douceur, gentillesse, droiture, humilité, conscience, discernement, responsabilité, tendresse, désir, accueil, refuge, soutien, considération, et tant encore de choses qui peuvent générer bonheur et bien-être en opposition à tout ce qui va générer au contraire souffrance et mal-être.
Plus elle s’incarne et s’en imprègne et plus l’opposition entre ces 2 réalités prend forme. Toutes ces vérités la contrarient et finissent par la diviser. C’est aussi là où les questions existentielles prennent du sens. Pourquoi?
La paradoxe est que ces mémoires qui la façonnent et la “forment” finissent par la déchirer. Le bien et le mal se distinguant de plus en plus clairement l’un de l’autre, l’âme les sépare dans sa logique du moment et c’est en vivant les conséquences de cette vision qu’elle va en toucher les limites. Quelque chose ne fonctionne pas et cela devient de plus en plus insupportable à vivre ( dans la durée). Les âmes elles-mêmes deviennent “bonnes ou mauvaises”. Chacun sa couleur. Noir ou blanc. Bien ou mal.
Et c’est bien toute la complexité que de porter les 2 en soi. Non pas que l’âme soit l’UN ou l’AUTRE mais que c’est l’UN qui l’amène et la conduit à l’AUTRE.
C’est le principe de la transformation. Elle a été une version A qui est devenue peu à peu la version B . Et sur l’échelle de l’âme, on pourrait dire qu’elle est partie de la version A ( version la moins aboutie, d’ignorance et d’inconscience absolue) pour cheminer vers Z ( version la plus aboutie à ce jour, connaissance et conscience acquises jusqu’alors ). C’est une illustration pour expliquer le principe car l’alphabet se limite à 26 lettres mais le chemin de l’âme (tout le monde le dit) est infini il paraît.
L’idée est d’arriver à passer du paradoxe et du non sens ( conséquence de l’incompatibilité) à une suite logique ayant du sens ( conséquence de la complémentarité) car les 2 réalités ne font qu’UN et c’est bien l’énigme de la vie à résoudre. À elles seules, elles définissent le point de départ (A) et le point d’arrivée (B) et le chemin parcouru pour passer de l’une à l’autre ( la notion de passeur d’âme vient de là). C’est ce entre 2 et tout le processus d’évolution et de transformation ( le chemin) que l’âme ne réalise pas.
Il serait prétentieux de croire que l’âme a toujours été « bonne ». C’est faux. Elle est devenue meilleure et c’est tout l’interêt d’un cheminement et d’une incarnation permettant celui-ci.
Elle le sait au fond d’elle ( le savoir peut se manifester sous forme de sensation, de ressenti sans explications concrètes je me répète). Elle voit bien les incohérences, les incompréhensions et le non sens mais accepter de les réunir en rétablissant le chemin entre les 2 peut longtemps rester inconcevable, imbuvable, indigeste voir révoltant et indignant.
C’est dans l’ombre qu’elle trouve la lumière, dans les eaux troubles qu’elle trouve la clarté et s’épanouie.
L’impact d’une mémoire, aussi magnifique que traumatique, s’évalue par l’intensité ressentie et sa résonance à son contact. Il s’agit de la mémoire vibratoire.
Quand cette mémoire est plus qu’agréable, voir « merveilleuse », et que le bonheur ressenti est à son comble alors la nostalgie et le manque profond de ces moments, de ces états d’être nous envahissent, car nous voulons plus que tout les retrouver, les revivre.
Quand d’autres moments nous ont tant affecté, choqué et meurtri, nous sommes paralysés par le simple fait de se risquer à les revivre et la peur nous envahit rien que d’y penser ou de se l’imaginer. “Plus jamais”.
C’est exactement ainsi que l’âme apprend à discerner l’origine de ce qui la rend heureuse et malheureuse et c’est son vécu devient son propre GPS pour la guider d’où le fait d’apprendre à écouter ses ressentis. Allez vers le bonheur est possible quand on sait l’origine de la souffrance.
Mais quand ces 2 mémoires s’entremêlent alors démêler ces 2 fils devient complexe finalement réaliser que c’est exactement le même fil.
Quand l’âme vit et ressent l’amour profond constituant une mémoire du plus beau et que ce même amour lui fait également vivre le pire, elle aura peur d’aimer à nouveau ou de croire que l’amour n’existe pas par exemple.
Elle a pris conscience des conséquences possibles de l’amour et sortira de là divisée par l’envie de retrouver l’amour tant sa beauté et tout ce que cela lui procure lui manque et en même temps elle n’aura pas envie de le retrouver et lui résistera apeurée par sa capacité à faire mal (exemple parfait d’un paradoxe).
Quand elle choisit de faire confiance et qu’elle se sent trahie, elle aura peur de revivre la trahison et cessera de faire confiance puisque celle-ci est à l’origine de sa blessure. Et ainsi de suite.
Tout ce qui existe dans le plus beau risque d’être remis en question par l’existence du plus laid. D’où le tiraillement occasionné entre l’envie et la non-envie en même temps de la même chose. Le paradoxe naît de là.
Cette association de mémoires en nous explique cette contradiction et cette ambivalence: oui et non. Cela explique en partie le phénomène de ne pas savoir ce que l’on veut, de se tromper, ne pas savoir choisir, etc… On veut l’un, mais pas l’autre. Mais comment faire ? Comment relier nos mémoires dans la complémentarité et non dans l’opposition générant blocages, défensives, protections, dépendances, confusions et anxiété ? En s’en débarrassant ? Les nettoyer, les purger, les ensevelir, les enterrer, les faire disparaître de la surface de la terre n’est une illusion pour gagner du temps.
Les restaurer et ne pas les oublier sont selon moi le chemin à oser emprunter. C’est en plongeant dans le plomb que l’on va chercher sa richesse, son or. C’est une exploration des bas fonds pour en extraire le substrat.
Leur laisser la liberté de s’exprimer est essentiel pour accueillir ce qu’elles ont à révéler, à instruire ( leçon du passé) pour trouver ce autrement et opérer des changements qui s’alignent ( correspondent) aux prises de conscience. Parfois, des évolutions majeures et profondes passent par des fractures, des phases de destructions, de renversements, de révolutions, de révoltes intérieures, du vide, du néant et la mort de cette ancienne version pour recommencer, reconstruire et renaître autrement. Le passé nous montre comment faire autrement. Il a cette ressource impulsant le renouveau.
Quand le passé nous rattrape dans le présent, c’est qu’il est temps de s’y replonger pour l’explorer et voir en lui ce qu’il à dire.
Il peut nous poursuivre, nous hanter et nous peser. Nous pouvons le fuir et tenter de l’oublier cela est vrai. Mais il nous rattrape toujours un jour ou l’autre non pas pour nous pourchasser et faire mal mais pour nous transmettre un message parfois capital et indispensable pour se réinventer. Il faut bien un point de départ pour savoir où aller. Et tant que ce message ne sera pas délivré, il restera intact jusqu’à sa délivrance.
Adeline Ferlin – Septembre 2024
Cet article a 2 commentaires
Encore un texte hyper inspirant, fin et magnifique! Merci Adeline!
merci 🙂