La guérison émotionnelle

Accueillir ses émotions et non les censure ni les condamner

La compréhension et la mise en conscience ne font pas tout et pourtant pour les gens conscients c’est justement un des pièges que de le croire.
La compréhension ne suffit pas car tant que l’expression émotionnelle qui va n’est pas totalement faite, le processus de guérison est en chemin mais pas terminé.
Le paradoxe de la conscience est que d’un côté elle va permettre de légitimer et d’accueillir des émotions, tout comme elle peut les bloquer en même temps car le raisonnement peut encapsuler, classer ces mêmes émotions et ainsi les bloquer car comprises.
Comprendre aide et n’aide pas. La compréhension a aussi ses propres limites et ne peut pas tout régler. Tout dépend comment nous l’utilisons. Comprendre l’autre ne doit pas empêcher d’exprimer ce que cela a provoqué chez et en nous. C’est pourtant souvent le cas.

Nous jouons avec notre propre compréhension/intelligence et les autres peuvent aussi en jouer pour nous faire passer la pilule. On peut par exemple très bien comprendre pourquoi notre propre mère ou père n’a pas su nous donner/manifester de l’affection car nous savons qu’ils ont aussi leur histoire. Oui nous savons bien que tout s’explique et que tout a un sens logique.
Si notre regard permet d’appréhender une situation autrement et peut apaiser notre esprit, il est tout autant nécessaire d’écouter notre corps émotionnel qui lui aussi parle à sa façon. Quand cette écoute émotionnelle n’est pas faite, ou partiellement faite, cela crée une injustice en nous, un manque de reconnaissance de ce que nous avons vécu par l’autre.
À trop vouloir comprendre les autres, nous en oublions nos ressentis et nos émotions. « Qu’ai-je ressenti en ne recevant pas cette affection de mon père ou ma mère? Quelle niveau de souffrance cela a pu générer en moi? Qu’est-ce qui a été injuste? Dur? Violent pour moi? On passe à côté de notre effet miroir émotionnel.
La guérison ou la libération émotionnelle permet de combiner notre compréhension et l’expression de nos émotions qui vont avec comme de la tristesse ou de la colère par exemple.

La conscience est une voie pour accueillir nos émotions, pas l’inverse

La conscience n’est pas un souci pour des personnes comme nous. Nous n’avons aucune difficulté à aller voir un psy, un thérapeute quelqu’il soit. Au contraire. Notre analyse est souvent juste et pertinente. Ce n’est pas le sujet. Ce qui est difficile à faire c’est l’expression et l’accueil émotionnel de ce que nous avons ressenti en y étant confronté.
Cela nous a permis de survivre, de supporter et de vivre des épreuves. Nous relativisons, nous diminuons, nous analysons, nous expliquons…pour arriver à tenir, à rester debout, à nous relever. C’est cette force bien souvent qui se dégage de nous.
Quand je me confronte à ce que moi-même j’ai pu ressentir face à certaines situations que je comprenais également chez l’autre, je me suis souvent oubliée. Quand je me demande, malgré toute l’empathie que je peux ressentir pour l’autre, ce que moi je ressens, ma gorge se noue, se serre et j’ai mal. C’est mon premier symptôme me concernant. C’est un réflexe. Alors je respire doucement et profondément. Je me tiens la main et je me dis que je peux m’offrir ce que j’offre à l’autre même si nos ressentis sont différents. Je vais alors chercher ce que j’ai vécu et alors mes émotions. Je peux avoir des larmes qui coulent, des douleurs dans le corps physique et me sentir vulnérable.
J’ai longtemps cru que quand je m’octroyais cet espace que je me plaignais. Je ravalais souvent mes larmes et j’empêchais mes émotions de sortir. Une émotion ne se raisonne pas, elle se vit, c’est la seule façon de la libérer. C’est la même chose quand en séance je confronte un patient à son ressenti face à une situation sur-analysée.
Ici ce n’est plus une question de compréhension mais d’expression émotionnelle.

Éveil spirituel ou le temps de la libération émotionnelle

C’est aussi pour cela que la guérison émotionnelle se manifeste réellement lors de l’éveil spirituel. Non pas parce que c’est l’éveil spirituel mais parce qu’à ce moment là précisément il est temps de se purger émotionnellement.
Des situations, des rencontres vont jouer ce rôle que d’activer et réveiller ces états émotionnels refoulés, raisonnés, ravalés, censurés, cachés. C’est pour cela que nous avons des sensations de trop plein, de goutte d’eau qui fait déborder le vase, de saturations plus ou moins extrêmes. Notre corps émotionnel est plein. Il n’y a plus de place, ça déborde.Tout devient plus gros, plus pesant, plus envahissant et de moins en moins supportable. C’est pas plus gros qu’avant, c’est juste trop.
C’est la période des « montagnes russes » émotionnelles. Et ce passage fait peur. Nous pensions que nous avions réglé nos « dossiers » du passé. Cela ne veut pas dire non plus que nous n’avons pas travaillé dessus et qu’il faut tout recommencer. Cela suggère de terminer ce qui a été commencé.
Les effets miroirs deviennent alors des loupes, grossissant tout et exagérant tout. Non pas pour s’acharner sur nous mais au service du mouvement et de notre évolution. Le travail doit être fini pour tourner des pages et passer à autre chose. Nous ne choisissons pas la guérison émotionnelle, elle vient à nous. Nous choisissons de l’entendre et de la vivre. Nous avons la sensation de « démesure » et ne pas se reconnaître. C’est plus fort que nous, nous perdons une forme de contrôle. « Je ne me reconnais pas, ce n’est pas
moi ».
Pourtant c’est aussi nous. Une part de nous qui est enfouie au plus profond et qu’il est tant d’aborder. Et pour être totalement honnête avec vous, nous aurons beau y mettre toute notre conscience, toute notre compréhension, toutes nos séances de thérapie que rien ne pourra empêcher ce moment puisque la finalité réside précisément en cela: accepter de se laisser traverser par elles.
C’est difficile à faire.
Laisser cette part de nous s’exprimer est un enseignement de la vie non pas pour empêcher que cela se reproduise mais pour nous permettre d’intégrer cette étape dans le processus complet de nos guérisons/évolutions futures.

Adeline Ferlin, Janvier 2023

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