La dictature du bien-être

La dictature du bien-être

Quelques mots sur la dictature du bien-être…

C’est épuisant, culpabilisant et infondé de faire croire qu’il y a une seule ligne de conduite à suivre pour aller bien.
Apprendre à s’accueillir et à s’écouter c’est aussi comprendre que nous sommes uniques et donc différents et que nous sommes seuls à savoir pour nous-même ce qui est bon ou pas pour soi comme seul l’autre sait aussi pour lui-même ce qui est bon et pas bon pour lui.
Personne ne sait à notre place…à part nous. Et heureusement finalement. 
N’avez-vous pas remarqué ce besoin systématique de faire en sorte que tout se passe toujours bien? Cette dictature de faire en sorte qu’il faut toujours aller bien et toujours vouloir absolument faire en sorte que les gens aillent bien aussi?
Si on prend un peu de hauteur on note les effets de cette dictature du bien-être sur beaucoup de personnes.
On s’interdit d’aller mal, on se censure, on se juge, on a honte, on se cache parce que manger des gâteaux, regarder des séries TV toute la journée, n’aimer ni lire ni faire du sport, fumer…et j’en passe.
La première question à se poser : est-ce que ceci ou cela me fait du bien?
Si faire du sport ne me fait pas du bien alors pourquoi me forcer?
Avoir envie et aimer quelque chose est non discutable. Si j’aime fumer et que j’en ai envie et que cela me fait du bien à ce moment là alors où est le mal? Ils sont qui ces gens qui viennent et se permettent de me, te, nous dire ce qui est bien ou mal pour nous?
Combien de personnes se jugent d’être en faute à cause de toutes ces croyances?
Si une personne aime et a envie de fumer, elle est assez grande et responsable pour connaître les risques et conséquences. L’essentiel ici est qu’elle en prenne l’entière responsabilité.

Personne ne sait mieux que moi, que toi, que nous et personne ne détient la vérité absolue sur ce qui est BON ou PAS BON me, te et nous concernant.

Cela suggère de se connaître. Se reconnecter à soi c’est aussi apprendre cela.
Quand je ne me connais pas ou ne me re-connais pas bien ou à ma juste valeur tout(e) seul(e), quand je doute de moi alors je reste influençable et je dépends de l’autre pour savoir à ma place. Je lui donne ainsi du pouvoir. 
Alors je prends le risque de laisser l’autre savoir à ma place. Il semble tellement sûr de lui, convainquant. Pourtant même si il en est persuadé pour lui cela ne l’est pas forcement pour moi.
 
Attention à la dictature du bien-être qui ici prédomine et conditionne. Le risque engendré peut être un effet de culpabilité et d’échec. C’est simple, à partir du moment où il y a du SI, il y a conditionnement.
Ce qui est vrai pour l’un ne l’est pas pour l’autre et cela s’applique aussi au bien-être.
Le bien-être signifie quoi exactement pour vous? Aller bien? être heureux? être équilibré, harmonieux?
Certains dans cette quête du bien-être se mettent une pression qui devient une dictature, voir pour certains une torture.
 
Manger bien et équilibré, faire du sport, méditer, appliquer toutes les règles à la ligne, ne pas déborder, ne pas avoir d’excès, tout doser, avoir les bons gestes, les bonnes postures, être calme, ne plus s’énerver, relativiser sur tout, être zen, ne plus grignoter, ne plus avoir de pulsion, ne plus regarder la télé, lire des livres, se balader dans la nature et ne pas rester oisif sur son canapé, avoir des envies, être créatif, aller bien, ne pas aller mal, rire, sourire, ne pas faire la gueule, ne pas râler, ne pas être en colère, ne pas s’énerver ni s’agacer, être ceci et cela, ne pas faire ceci ou cela…
Un modèle de sagesse et de bien-être comme des mannequins dans les magazines! Bref le coeur ne bat plus, tout est plat.

Et si la créativité était simplement de vivre et de suivre ses envies et surtout de les assumer.

Cela m’interpelle forcement et fortement car le bien-être et être spirituel ce n’est pas forcement cela. 
Face à ces dictats je constate, chez beaucoup de gens que j’accompagne, un sentiment de honte, d’échec, d’être obligé de se cacher, de mentir, voir jusqu’au rejet et dégoût de soi-même. Certains pensent même ne pas être dignes, à la hauteur, capables. D’autres croient ne pas être spirituels…On dirait pas comme ça mais ça peut aller loin.
N’est-ce pas aussi cela s’abandonner?

On sait ce qui nous fait du bien en étant dans le ressenti et l’instant présent.

Si ce qui me fait du bien ce matin c’est de ne rien faire, de flâner et d’être oisive. Et si ce qui me fera du bien demain ce sera de faire un gâteau au chocolat avec plein de chantilly et de boire un verre de vin avec mes amis. Et peut-être même bien que ce sera finalement aller faire du vélo et avoir envie de rester seule et de contempler la nature.
Et si aujourd’hui j’ai envie de manger des cerises et demain des hamburgers maison avec des frites bien croustillantes parce que j’adore ça, pourquoi je ne ferais pas les deux?
Elle est où sinon la jouissance de la vie?
Et puis si j’aime autant m’allonger dans l’herbe, regarder le ciel et l’observer des heures pour trouver des chimères que de manger du chocolat avec des noisettes entières devant un bon film blottie sous la couette avec mon pyjama préféré? Tant que cela me fait du bien, qui on est pour se permettre de dire aux autres ce qui est bon ou pas bon, bien ou mal?
Si par exemple j’aime la pâtisserie et que je suis gourmande et que j’entends que le sucre c’est pas bon pour la santé alors je peux vite croire que c’est mauvais et je vais alors rejeter et lutter ce qui me fait du bien.
 
Si je préfère les séries télévisées aux livres de développement personnel pourquoi je m’interdirais de le faire? Parce qu’il paraît que c’est mieux que la télé? Qui l’a dit? Qui a décrété cela?
Pourquoi je ferais semblant? Pourquoi je me cacherais d’aimer telle série, telle émission?
Le regard de l’autre pèse ici plus qu’on ne le croit.
 

C’est tout ce qui est extrême qui est à travailler car c’est cela qui crée un déséquilibre dans la balance.

Manger du sucre toute la journée ou manger des graines toute la journée c’est autant extrême.
Faire du sport à outrance ou rester oisif, se remplir de nourriture ou ne plus rien avaler du tout, méditer tout le temps ou ne jamais se poser de questions ni réfléchir, voir toujours le verre à moitié plein ou ne voir que le verre à moitié vide, toujours agir, être dans le faire, actif ou inversement n’avoir jamais envie de rien faire…bref autant d’exemples qui sont à l’extrême et qui crée quelque soit l’extrême un déséquilibre.
 
Aller mal et oser l’accueillir fait du bien contrairement à ce que l’on croit.
Croire que pour aller bien il ne faut pas aller mal, que nos croyances, notre mental, notre ego sont nos ennemis, que pleurer et déprimer sont signe de mal-être, autant de croyances qui demandent à être vécues pour en comprendre par soi-même les limites.
Et si finalement c’était bon signe d’aller mal et l’inverse de ce que l’on croit? Et si aller mal était le signe et surtout l’annonce de la fin d’un cycle, d’une croyance qui arrive à terme, l’annonce du renouveau, l’opportunité de grandir et ainsi le pas vers un bien-être pour soi?
Un enfant qui a un gros chagrin et qui pleure pousse un soupir, s’endort paisiblement et va mieux. C’est du bien-être. Nous sommes ainsi fait.
 
Certains voient les choses à leur façon et trouvent leur bien-être là où ils en ont envie. Comme la spiritualité. Croyant bien souvent que ce qui est vrai pour eux le sera pour les autres (notion de vérité absolue) ils pensent détenir les clés et savoir qui est bon pour les autres alors que non ils ne savent pas.
Cet article je l’ai écrit pour nous faire réfléchir au droit à la différence dans ce qui est pour chacun son bien-être.
Se demander simplement ce qui nous fait du bien et non pas ce qu’il FAUT faire pour aller bien.
Notre normalité est notre unité et par logique aussi notre différence.
Tout droit réservé ©Adeline Ferlin- Novembre 2020 

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