Au nom de l’automne et de la foi

Nous vivons une mort pour une renaissance

Parfois dans nos tempêtes, nous sommes tellement secoués et bousculés que notre premier réflexe est de résister face à ce vent si fort. On s’accroche à ce que l’on peut et on essaye de tenir pour ne pas se faire emporter par le tourbillon qui semble vouloir tout détruire autour de nous et nous emporter avec. On a l’impression que tout s’écroule et nous sommes impuissants. Alors quand nous sommes genoux à terre, ébranlés, épuisés d’avoir résisté aussi longtemps et que nous sommes au bout de ce qui est supportable, au bout de nos forces, il y a souvent le coup de trop, le coup de grâce qui arrive et qui fait que l’on craque. Pourtant même si c’est difficile à dire et à croire, au-delà de l’illusion de se fragiliser et de tout perdre, la réalité est que dans ces moments là nous sommes en train de nous renforcer et de gagner.  Nous vivons une mort pour une renaissance, nous le vivons en pleine conscience et même si tout nous fait croire que tout s’écroule autour de nous, en réalité, tout se renouvelle, tout change et ce qui doit partir part, ce qui doit rester reste, parfois autrement, sous la même forme ou une autre. C’est profondément déstabilisant. On ne perd jamais rien, on évolue donc on gagne toujours en progression. Dans ces moments là, quand le nettoyage se fait, on ressent une destruction totale ou partielle et il est difficile d’y voir ou entrevoir la construction. Laisser partir une ancienne version de nous-même n’est pas juste intérieur, c’est tout autant extérieur.

La vigne ne meurt pas, seulement les feuilles

Quand cela se matérialise autour de nous, nous pouvons avoir des difficultés à y entrevoir le renouveau comme nous l’avions imaginé. C’est dans ces moments là que l’on revoit aussi sa copie sur les concepts du renouveau.
Évoluer, passer à autre chose, quitter son ancienne peau, ses anciens repères, son ancienne version est difficile et c’est normal. Toutes les mises à jour intérieures demandent des mises à jour extérieures. Il en est impossible autrement. Tout prend forme. Il est courant d’avoir la sensation de tout perdre, qu’il ne reste rien, ou que le temps de l’abondance ne durera pas. C’est une confusion. Nous récoltons le fruit de nos efforts et nous laissons partir tout ce qui dans la matière nous a permis d’y arriver. Pour illustrer ce que je dis, prenons l’exemple des vendanges qui symbolisent l’abondance.

Nous cueillons le raisin mûr et festoyons. Puis en suivant vient le temps où les feuilles des vignes se meurent et tombent. Elles ont accompli leur mission. La vigne ne meurt pas, seulement les feuilles. Le vent et la pluie les détachent et les rassemblent en tas. C’est ce vent que nous sentons parfois, cette pluie qui nous traverse tout autant et ce feu en nous qui les brûle. Pour leur dire au-revoir. D’autres bourgeons viendront au printemps pour le prochain cycle pour le prochain raisin. Nous sommes fichus pareil. Et pourtant nous luttons et résistons à laisser ces feuilles partir. Rien de plus normal. Nous confondons notre raisin des feuilles. Le vide sur la vigne s’opère, les branches se dépouillent. Pareil pour nous. Et nous n’aimons pas cela.

Ce n’est pas du tout simple d’y voir clair et de faire la part des choses entre nos « fruits mûrs » et les moyens mis à la disposition de cette maturité et leur forme dans la matière. D’où l’importance de faire sa récolte en conscience et de comprendre que tout ce qui fait notre vie, tout ce que nous trouvons sur notre chemin, toutes les rencontres et les situations qui viennent à nous n’ont pas été et ne sont pas du tout un hasard. Elles participent à notre évolution personnelle. À nous de trouver en quoi et à apprendre à leur dire merci et au revoir quand il est temps. Il y a des adieux plus difficiles que d’autres. Le lâcher-prise c’est aussi cela. Et parfois ce n’est pas du tout dans la joie ni la légèreté que nous arrivons à le faire mais dans la douleur et les pleurs, dans la déchirure et à contre cœur. C’est faux de nous faire croire comment on devrait le vivre. La réalité en est tout autrement.

Où est l’illusion ? Où est la réalité ?

Je voudrais rappeler que c’est essentiellement dans ces moments là où nous sommes testés dans notre foi. Parce que avoir foi quand tout va bien, facile! Avoir foi quand tout va mal, c’est pas du tout la même…Et pourtant c’est là où nous nous renforçons, où nous la renforçons, c’est là où nos doutes sont mis à l’épreuve, où nous apprenons à lâcher prise et à accepter en ayant confiance en la vie sans savoir ce qui va se passer. Nous savons que tout a du sens et même si nous avons l’impression de tout perdre en réalité la vie nous dépouille de ce qui n’est plus, nous allège, nous dit la vérité, nous fait don de tout ce dont nous avons besoin pour atteindre et vivre nos aspirations.  Fermons les yeux et allons chercher au fond de nous cette foi qui nous porte, cet élan qui nous donne la force de tenir et ne jamais abandonner ce en quoi nous croyons le plus. Ne pas douter de soi, des êtres aimés, de la vie et de son don. C’est là où tout se passe, où le plus difficile se fait et arriver à s’accrocher, à tenir bon malgré tout alors que franchement il est tentant de tout arrêter. L’envie d’abandonner et que tout s’arrête enfin nous a traversé, le sentiment de se tromper nous a envahi et c’est bien normal. Mais impossible. C’est plus fort que nous. Nous n’avons pas vécu tout cela pour s’arrêter maintenant. Rien ne peut arrêter ce mouvement, cet élan vital, d’amour. Ce n’est plus de la patience mais de la persévérance à ce stade là. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas de l’acharnement non plus. C’est la foi. Et c’est aussi cela qui est rassurant dans un sens. Quand on s’accroche autant c’est que l’on sait que c’est vrai, qu’on ne se trompe pas et que c’est vers là qu’on doit aller. On ne perd pas de l’énergie ni du temps, on l’investi. Il est légitime d’être crevé, épuisé et d’avoir envie de faire des pauses pour se ressourcer, faire le plein d’énergie et repartir. Il est légitime d’avoir besoin de craquer pour tenir la distance car le plus difficile ne serait-il pas de tenir la distance alors que nous aimerions tant que ce soit rapide, facile, fluide?
Accrochez-vous vous êtes en train de vivre une mort pour une renaissance!

Tous droits réservés ©Adeline Ferlin – Septembre 2022Reproduction interdite

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