Il est normal d’aller mal c’est tout le principe d’avoir la volonté d’aller bien ou mieux et de chercher les moyens pour y parvenir. Souvent on s’agite pour trouver la solution la plus rapide à un mal devenant bien trop lourd et difficile à supporter. C’est urgent, il faut aller vite sans vouloir trop faire de changement.
Mais pourquoi supportons-nous autant l’insupportable jusqu’à cette urgence vitale qui ne laisse plus le choix?
Il est alors essentiel de se poser la question quand à ce réflexe de se faire violence pour tenter de supporter un maximum ce que la vie nous demande en réalité d’arriver à quitter pour ne plus souffrir.
Se détacher de l’objet de nos souffrances tout en s’obstinant à rester à son contact revient à chercher à devenir comme ces hommes et ces femmes qui en Inde marchent sur le feu pour montrer leur foi, leur courage et leur force. Cela revient à chercher à ne plus souffrir dans un environnement générant de la souffrance, en absorbant la douleur pour devenir hermétique à elle. Peut-être pensent-ils que c’est cela s’élever spirituellement.
Je ne pense pas ainsi et soutiens que la vie nous apprend à avoir le courage de quitter l’objet de nos souffrances et non d’y rester en faisant tout pour la supporter et donc la contrôler.
Pourtant quitter et s’éloigner de tout ce qui nous fait tant de mal n’est ni une fuite, une faiblesse ou une lâcheté.
Quitter ce connu qui fait souffrir demande de poser des actes, faire des choix et opérer des changements. Cela implique surtout de cheminer vers un inconnu. Pour moi c’est le réel blocage.
L’inconnu fait bien plus plus peur que la douleur du connu.
La solution pour tenter d’en sortir sans en sortir sera d’arriver à la supporter. Beaucoup pensent que supporter la douleur est LE changement et moi je pense que c’est une RÉSISTANCE au changement.
« Et si c’était pire que la souffrance d’aujourd’hui ? Qu’est ce qui me garantie que ce sera mieux ? Pourquoi ne pas supporter ma douleur? »
Alors oui tenter de la supporter pensant que c’est une évolution est une étape préliminaire au véritable changement, au saut dans l’inconnu quand l’insupportable atteint ses limites dans le temps. L’inconnu c’est aussi ne pas savoir si ce sera mieux ou pire, c’est savoir ce que l’on quitte mais jamais ce que l’on trouve et le risque est encore bien trop grand comparé à la souffrance vécue.
C’est aussi là où on constate et évalue son propre rapport à la vie et sa foi en elle et en soi-même. Renaître signifie aller dans l’inconnu. La mort signifie quitter le connu.
Faire ce pas si difficile dans un espace encore vierge est un pas vers le souhait d’aller mieux, vers le mouvement et le changement.
Alors pourquoi restons-nous? Pourquoi insistons-nous et attendons que l’autre change? Pourquoi clamons nous ne plus vouloir souffrir tout en y restant? Parce que c’est plus facile de rester que de partir.
Alors où est le courage? Où est la véritable force? Supporter le connu ou le quitter pour aller voir ailleurs? »
Adeline Ferlin