Y’a des jours où on ne supporte plus rien ni personne … et de se voir ainsi on ne se supporte même pas soi-même. On ne se reconnaît pas et on peut vite culpabiliser d’être ainsi, de penser et réagir de la sorte.
Cette crise est la manifestation d’un trop plein de « supportage » si je puis me permettre.
On peut avoir une sensation d’agacement extrême, d’énervement pour rien, d’irritation exacerbée. On peut ressentir de la nausée, des maux de tête et se sentir particulièrement agité.
On a envie de tout envoyer balader, d’en avoir rien à faire de tout, d’être indifférent et de ne plus se soucier de rien ni personne. on a juste envie de dire « débrouillez vous sans moi, je ne suis plus là » et de disparaître de la circulation.
Cette crise manifeste un ras le bol général et dans ces moments là il est vrai que plus rien ne passe ou pas grand chose. On met aisément tout et tout le monde dans le même panier. C’est l’expression d’un trop plein, d’une saturation de l’extérieur demandant la nécessité de se couper de lui, de prendre l’air.
Il est important de ne pas s’en vouloir dès lors que cela se ressent car pour arriver à vivre dans ce monde il est parfois nécessaire de s’en éloigner afin de se ressourcer. Ainsi s’isoler est nécessaire voir préférable pour s’éviter des situations où l’on pourrait regretter par la suite.
L’idée est de prendre cette alerte au sérieux et de rétablir une forme d’équilibre. Si l’extérieur agace tant l’intérieur c’est qu’il est temps de s’en extraire un peu ou beaucoup (tout dépend le niveau de saturation) et de passer du temps avec son intérieur et juste soi-même. Parfois il est utile d’apprendre à se couper du vacarme extérieur pour retrouver son calme intérieur.
Les bains de foule c’est pas trop le délire de la vielle âme. Alors ne vous méprenez pas, cela ne veut pas dire que vous êtes asociale et que vous n’aimez pas les gens etc… c’est juste une pause et du calme que vous recherchez.
Ne plus avoir envie d’interactions un instant, un moment, ne signifie en rien que cela est définitif et vous définit.
Nous n’abandonnons personne, nous ne sommes ni fuyant ni égoïste. Nous prenons en quelques sorte des vacances « sociales » et parfois cela fait du bien de ne plus être là pour les autres mais seulement pour soi, quelques instants, histoire de souffler, respirer, se retrouver. C’est aussi cela se ressourcer.
Passer sa vie à se soucier des autres, à écouter, comprendre, s’adapter, être disponible et facilitant c’est chouette ok alors parfois nous avons besoin comme tout le monde de partir en vacances, ne plus être disponible pour personne sauf pour soi-même. Compliqué quand l’autre est sa priorité mais largement faisable et réalisable quand nous saisissons que nous sommes autant prioritaire et important que notre entourage. Nous pouvons nous octroyer ce temps avec et pour soi comme nous le ferions si naturellement avec les autres. C’est le même principe. C’est aussi cela prendre soin de soi autant que des autres. S’absenter pour eux signe être présent pour soi. Cela n’a rien de narcissique et n’est absolument pas un acte de non amour. Ceux qui vous aiment le respecterons. Si ce n’est pas le cas il sera nécessaire de s’interroger sur l’intention de la personne qui nous le reproche ou génère de la culpabilité, comme si devenions coupable de penser à soi. Cela suggère aussi d’apprendre avec le temps de se réconcilier avec ce besoin interne et de savoir le communiquer, l’exprimer en signifiant bien que cela n’a rien à voir avec eux et les rassurer car ne rien dire ni expliquer peut être violent pour la personne concernée. Et il est possible d’y arriver quand justement on le prend à temps car communiquer dans le « craquage » n’a jamais été bénéfique, bien au contraire.
Il est possible d’éviter d’arriver à des états de crises trop fortes et trop perturbantes pour agir, en tenir compte en phase préventive (et non curative) et faire le nécessaire avant que cela n’arrive. Car quand ce délais a été dépassé il est courant de réellement craquer, de tout envoyer valser et parfois c’est n’importe quoi. la seule chose qui sort c’est du débordement et quand tout sort tout sort et ce sont souvent les plus proches qui prennent pour tout le monde. Il y a des dommages collatéraux que l’on regrette. Mais peut-être que cela permet de réaliser cette nécessité de faire autrement pour éviter que cela se reproduise. Ces crises peuvent être impressionnantes et ce ne sont certainement pas des caprices mais la conséquence d’un besoin non assouvi, inconsidéré et pris au sérieux bien trop tard.
Le réflexe est bien souvent d’en parler aux autres, tentant de leur faire prendre conscience de ce besoin comme si eux pouvaient le résoudre, trouver la solution et le faire à notre place. Puis ne se sentant pas entendu pas les autres, le ton monte (ben oui forcement) : « vous ne voyez pas que j’en peux plus??Il vous faut quoi pour que vous compreniez? ». Ce à quoi je dirais » et toi tu ne vous pas que tu n’en peux plus? Il te faut quoi pour que tu comprennes? «
Quand ce besoin n’est pas assouvi, il est courant de s’en prendre à eux, de le leur reprocher alors qu’ils n’y sont pour rien puisque cela est de notre seule responsabilité. Notre besoin n’est pas le leur jusqu’à preuve du contraire.
La sollicitation extérieure de nos ressources intérieurs peut créer un forme de pénurie. Plus de jus, plus d’essence, plus de force, plus envie. Saoulé, fatigué, usé, il est courant de penser au plus profond de nous « mais foutez moi la paix, laissez moi tranquille ». A nous de faire le nécessaire pour se la foutre.
Plus on attend plus nos réactions sont démesurées et parfois virulentes. L’entourage ne comprend rien « mais tu as pété un plomb ou quoi?« .
Apprendre à s’isoler est une ressource souvent nécessaire pour la majorité des personnes étant dévouées, altruistes, empathiques et toujours à l’écoute et présentes pour les autres. Centrées sur eux plus que sur elles-mêmes, elles peuvent s’oublier et se manquer et en avoir marre des autres, toujours les autres, que les autres.
Quand elles ne considèrent pas ce besoin elles passent en force et arrivent à une saturation telle que oui elle est bien trop extrême expliquant cette crise soudaine tout autant extrême. En réalité la mayonnaise est bien montée et elle explose au visage. Des pauses peuvent se réguler de manière beaucoup plus régulières, parfois sur des temps courts comme quelques heures, quelques jours.
Ainsi se couper des autres est une nécessité et une ressource pour mieux revenir par la suite et restaurer l’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur. Il est possible de la faire dans la vie de tous les jours à petite dose régulièrement et ça change la vie.
Adeline Ferlin


