Les marchands de rêves

Trop beau pour être vrai et pourtant nous y croyons. Pourquoi? Parce que nous sommes de consommateurs de rêves.

Questionnements: Quel est l’interêt d’en faire trop? Pourquoi trop beau? Qu’est-ce que cela cache, révèle, compense, dit et ne dit pas? Pourquoi y croyons nous quand même?

En faire trop devient un trompe l’œil et induit souvent en erreur car certaines choses sont exagérées et donc faussées.

Quelques soient les raisons à l’origine de ce surplus, le résultat est le même, nous pensons que notre rêve devient enfin réalité. Tout est fait pour y croire vraiment. Et même si cela peut paraître idyllique, trop parfait, trop bien, trop génial, il faut reconnaître que l’on a envie d’y croirecar pour ceux et celles qui s’accrochent à certains de leurs rêves, l’idée est de réellement croire que cela nous arrive vraiment!

On le sait au fond de nous que c’est trop « quelque chose » souvent d’indéfinissable, on le sent. Mais à ce moment là également on préfère de loin y croire et vivre son conte de fée, celui que nous espérons depuis tant de temps et que nous attendions.

On se réjouit d’en être enfin le personnage principal, son héros, son héroïne. Quand cette sensation n’a jamais été vécue ou nous a tant manqué, le vivre même un instant devient idyllique. Être l’idéal de quelqu’un est très flatteur.Se sentir unique dans les yeux et le coeur de quelqu’un, désiré, voulu, attendu, le trésor, la pierre précieuse, le graal est très jouissif. Et on n’a pas du tout envie que cela s’arrête quitte à occulter ce « trop. »

Il y a souvent une confusion entre TOUT vouloir et TROP vouloir.

Beaucoup cherchent à tout vivre et quand le marchand ou la marchande de rêves arrive dans notre vie, il/elle nous vend du TROP pour nous faire croire que c’est ce TOUT tant recherché que nous vivons enfin. La poudre aux yeux aveugle dans le sens où elle fausse notre vision mais le paradoxe est là, nous désirons cette poudre aux yeux, nous voulons y croire quitte à se persuader que ce n’est pas de la poudre mais réel.

Car au-delà de rêver ce que nous désirons réellement c’est que ce soit vrai. Et cela nous rattrapera, la réalité sera bien là et ne cessera de nous montrer la vérité.

Cela va créer un conflit intérieur jusqu’à parfois nous diviser et par conséquent nous affaiblir pour pouvoir réagir et se ressaisir. Nous pouvons nous perdre entre illusion et réalité.

Quand une situation, une personne semblent être notre idéal, tout combler en nous et nous apporter ce rêve sur un plateau d’argent, nous relâchons toute vigilances. Nos envies, désirs, aspirations, besoins, attentes, projections s’apaisent enfin. On baisse la garde, enfin. Se sentant en sécurité, privilégié, protégé, rien ne peut nous arriver enfin. Cette personne ne pourra jamais nous faire de mal, cela est impossible. Enfin.

Intense, fort, fulgurant, enivrant, en voulons encore et toujours plus, ce qui vient expliquer l’acceptation de ce trop par logique. Je pense souvent à l’abeille qui plonge dans le pollen jusqu’en s’en recouvrir et s’en saouler. Une boulimie. Un shoot. Et cela peut parfois devenir addictif parce que justement trop bien dans l’instant. Comme une drogue.

Pourquoi? Parce que trop de manque aussi.

Le vide, le rien, l’absence, la disette, la traversée du désert, la soif d’amour, la solitude, le froid, a foi et l’espoir en nos aspirations qui nous ont pris du temps, tant de temps, de la patience voir de la persévérance afin d’atteindre un jour nos rêves. Ce chemin, cette quête dépouillée de tout et si longue pour beaucoup d’entre nous expliquent le besoin fugace, le désir profond et vital voir parfois excessif de se remplir, de s’enivrer de ce trop qui arrive d’un coup d’un seul dans notre vie.

Tel un besoin boulimique pour se rassasier et apaiser ce manque qui a duré trop longtemps.

Enfin! C’est la victoire de ce enfin qui vient sceller la rencontre de celui qui en fait trop, du marchand de rêves avec celui qui veut atteindre ses rêves, celui donc c’est la quête. Assoiffé nous nous jetons sur l’eau qui coule enfin de la fontaine et qui « semble » intarissable.

Le trop d’un côté appelle le trop de l’autre. Il y a du trop partout. Le déséquilibre semble se rééquilibrer. « Semble » seulement car vigilance, cela peut s’avérer être une apparence, un appât qui attire le poisson qui a faim pour le capturer.

N’oublions pas dans l’histoire les marchands de rêve.

Beaucoup de mots, de projections, ils parlent plus qu’ils n’agissent. Ils projettent leur idéal avec un décor parfait et la relation parfaite jusqu’à croire que nous sommes le/la partenaire idéal(e) pour le rêveur.

Désillusions, déceptions et reproches à venir. Car après le shoot, vient la redescente, celle du retour à la réalité qui en réalité est celle du vide, du rien.

Comme disait William Shakespeare « Beaucoup de bruit pour rien. »

On se raconte des histoires, on s’égard. Le risque est de tordre la réalité et aussi son/sa partenaire en cherchant à le/la transformer en son idéal(e) pour réaliser son rêve personnel.

Parfois on s’accroche plus au rêve qu’à la personne d’ailleurs.

Alors aujourd’hui je pose une réflexion sur vos rêves, vos aspirations, vos attentes, vos idéaux.

Qu’avez vous envie de vivre? Qu’est-ce qui vous manque le plus?

Comment projetez-vous votre relation idéale?

Faites vous parti des gens qui en font trop? Vendeur de rêves ou consommateurs?

Adeline Ferlin

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