L’humanisme face à un monde qui régresse

L’humanisme face à un monde qui régresse

Quand j’entends ou lis par-ci par-là que le monde se déshumanise, je ne peux me dire que seuls des humanistes peuvent penser ainsi.
Peut-être ne se souviennent-ils pas encore d’où ils viennent et d’où ils arrivent. Peut-être ont-ils oublié ou perdus la mémoire ?

Cette humanité en chacun de nous n’est ni un miracle, ni un privilège, ni un gain de supériorité. La conscience humaine ne tombe pas du ciel et n’est pas l’attribut d’un élu choisi parmi tant d’autres par la création.
Elle s’acquiert, se gagne, se forme, se développe, se travaille, s’enseigne, s’apprend, se pratique au fil du temps et grâce à nos passages initiatiques sur terre.
Elle est progressive et son aboutissement (si cela existe) est le résultat d’un (très très) long chemin individuel pour chacun de nous. .
En devenant humaine grâce à ses incarnations, l’âme va très justement développer son humanité grâce à ce monde controversé avec tout ce que cela comporte et implique.
Ce monde déshumanisé, celui que l’on ne comprend plus avec le temps, est paradoxalement le seul capable de faire naître et de cultiver en nous notre humanité.

Tel le phénix, l’humanité se renforce et renaît de ses cendres. Elle ne se meurt pas, jamais. Elle progresse.

Je pense que l’approche spirituelle est une ressource/discipline supplémentaire au service d’une quête plus grande qui est celle de la quête humaniste.

Alors pourquoi tant d’humanistes pensent que le monde se paupérise en humanité ?

Un des pièges de ce qui peut sembler si facile, accessible, simple et évident aujourd’hui est justement d’oublier le chemin parcouru pour y parvenir.
L’intérêt de s’élever à l’échelle du cycle d’incarnation de l’âme est de changer d’échelle afin de réaliser le chemin parcouru et oublié et ainsi légitimer sa différence de conscience, ce décalage si pesant et révoltant.

Nous oublions avec le temps que la facilité de l’instant, celle qui se manifeste si naturellement comme innée, acquise est en réalité le résultat d’un long processus de transformation et de développement personnel étalé sur plusieurs vies, plusieurs cycles. Cela n’a pas toujours été si facile et évident par le passé.
La difficulté de la facilité est d’accepter que ce qui est si facile aujourd’hui ait été difficile par le passé.
Pour moi, le voile de l’oubli qui se lève prend toute sa signification ici même.
Ne pas oublier d’où nous venons même si cela semble n’avoir jamais existé. C’est toute la difficulté du changement et de l’évolution. Nous n’avons pas toujours été ainsi même si nous avons la sensation de toujours l’avoir été.

La tolérance à la différence de conscience est un cap compliqué pour les humanistes et pourtant indispensable pour retrouver la foi en ceux et celles qui apprennent ce que eux ont déjà appris. Eux aussi ont été ignorants, ont manqué d’humanité et ont choqué ceux qui alors avaient de l’avance sur eux à une autre époque. Nous avons tendance à l’oublier.

Face à ce monde si disparate, où le règne de la différence a toujours été, combien sont passés bien avant nous par le cycle si complexe de l’incompréhension grandissante à chaque ouverture et naissance d’une nouvelle conscience.
Plus notre conscience grandit, plus nos sentiments d’incompréhension, d’injustice, de révolte, de colère, de dégoût, de supériorité, d’impuissance, de tristesse et de désespoir grandissent tout autant. Et ce n’est pas nouveau. Chaque époque connaît ses figures en décalage avec son temps et cherche à comprendre, à approfondir l’énigme de la différence.

À mon avis, nous prenons les choses à l’envers et en osant dire cela, je sais déjà que certains réagiront et se révolteront pensant peut-être que je cherche à excuser et à cautionner l’intolérable et l’impardonnable. Je me suis beaucoup questionnée comme beaucoup et voilà ce que j’en pense aujourd’hui.

Si nous partons du principe que le monde se déshumanise et régresse, alors cela signifie qu’il était par le passé plus humaniste et évolué qu’aujourd’hui.

Et si c’était simplement nous-même qui avions grandi, pris de la hauteur et élevé notre degré d’humanité et de conscience expliquant ainsi cet écart grandissant nous éloignant de ce monde qui a toujours connu les différences de consciences ? Et si le fait de grandir et évoluer en humanité expliquait la sensation que les autres régressent ?

J’ai toujours pensé que nous étions tous égaux mais j’ai mis du temps à comprendre en quoi. L’ignorance des autres me percutait en plein coeur et me faisait sur-réagir et je sais que beaucoup se reconnaitront en cela. Si mettre les êtres à égalité en termes de niveau de conscience et d’évolution revient à les mettre à son propre niveau personnel, le risque est que notre jauge intérieure s’impose comme une vérité absolue pour le reste du monde et engendre intolérance et jugement, alors que c’est ce que nous décrions. Et puis j’ai planché sur le sujet et cherché en quoi nous étions si égaux et différents.

Être égaux ne veut pas dire être au même niveau d’évolution en termes d’apprentissage, d’ascension et cela porte à confusion.

Qui que nous soyons, nous avons toutes et tous le même potentiel au départ et en cela, nous sommes bien égaux. Qui que nous soyons, nous sommes inégaux dans le développement de notre conscience sans tomber dans le piège malsain de supériorité et d’infériorité.
Le parcours initiatique de l’âme ne commence pas pour tout le monde en même temps et personne ne choisit quand celui-ci commence expliquant les décalages de conscience créant la roue naturelle de la transmission.

Le monde, même si cela en dépasse beaucoup, est au service du développement de l’humanité et n’a jamais cessé de l’être. Penser le contraire se comprend et je serais qui pour le nier.
J’y suis passée et la vie a fini par me mettre face à mon ignorance nourrissant ma propre confusion. J’ai comparé, j’ai critiqué, j’ai pleuré, j’ai jugé, j’ai rejeté, j’ai été prétentieuse parce que je pensais savoir. C’est bien en cela que nous sommes tous prétentieux finalement sans le vouloir parfois.
La vie m’a remise à ma juste place pour m’apprendre ce que j’ignorais encore. Comme à chaque fois, j’imagine. Tout le monde apprend à son rythme et la différence de conscience a une fonction que je sous-estimais totalement. Je ne savais pas, je n’avais pas compris. Ils apprennent et progressent autant que moi et ce décalage dans nos apprentissages prend un jour tout son sens.

Plus nous savons et moins nous comprenons que les autres ne savent pas comme nous.

Ces décalages ont toujours existé à travers les époques et l’histoire du Monde.
Et la rencontre entre eux a toujours créé des chocs, des fissures, des combats, des ruptures, des fractures, des crimes, des solidarités, des guerres et des mouvements de résistance, des révolutions, de l’espoir et du désespoir.
Oui, le monde se construit et se détruit à chaque fois pour se reconstruire autrement, différemment. Il n’est pas parfait et ne le sera jamais. Ce n’est pas sa fonction.

Les mémoires transgénérationnelles grâce à nos ancêtres et tous nos livres d’histoire sont des témoignages concrets représentant et retraçant le passé et le chemin de l’humanité.
Nos vies antérieures sont dans nos livres d’histoire relatant son parcours pour lequelle nous contribuons tous à notre rythme.
L’histoire connaît bien les traces et les conséquences de l’ignorance sur ce monde, car celle-ci fait mal, blesse, tue, sème la terreur, l’horreur, elle choque et heurte et va parfois jusqu’à l’inconcevable : un crime contre l’humanité.

Et pourtant avec toute la difficulté que de le reconnaître, elle est aussi la plus grande des enseignantes.
Sous-estimée et condamnée, l’ignorance réveille et révèle la force et la toute-puissance de l’humanité, son importance et surtout sa valeur.
En nous en privant l’ignorance nous en fait le don de ce qui est essentiel et ce qui a de la valeur. Les conséquences de l’ignorance sont la connaissance. Elles sont indissociables et ne font qu’un. L’ignorance est bien à l’origine de la connaissance.

Rien ne sert de créer un monde meilleur, c’est lui qui nous rend meilleurs. Et par conséquent nous le rendons meilleurs.

Adeline Ferlin

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