“Je me pardonne d’avoir cru de moi toutes ces horreurs sur moi. Oui j’ai réellement cru que je n’étais pas aimable, que je ne méritais pas l’amour, que je n’avais pas de valeur, que je n’étais pas important(e), que j’étais bête, idiot(e),méchant(e), transparent(e), que je n’avais pas de coeur, que j’étais rien, bon, bonne à rien, incapable. J’ai pensé ne pas mérité ce que les autres recevaient. J’ai cru que j’étais laid(e) et que je n’étais pas quelqu’un de bien ni de respectable. Personne ne voudra de moi. J’ai cru tellement de choses sur moi.
Pourtant je faisais tout pour être aimable et cela n’était jamais suffisant. Alors je souffrais, en cachette. Mon Coeur saignait. Je trouvais cela tellement injuste au plus profond de moi. Parfois j’avais envie d’être méchant(e) et de faire souffrir pour qu’on comprenne ce que je ressentais. Et en pensant cela je me trouvait tellement horrible. Alors je culpabilisais. J’ai eut envie qu’on me voit, j’ai soit tout fait pour exister aux yeux des autres, faire du bruit, ou j’ai tout fait pour disparaître, ne pas faire de vagues ni de remous.
J’ai cru et fais tellement de choses.
J’ai tout tenté, tout testé, tout essayé. Rien n’y changeait.
L’envie de hurler, de crier était si fort en moi. Cela devenait de plus en plus insupportable. Je sentais mon coeur qui tapait dans la cage pour sortir, pour se libérer. Mais tais-toi donc. Chut, ne fais pas de bruit. Je ne veux pas t’entendre. Je luttais de plus en plus fort face à une douleur de plus en plus intense.
Je tombais malade, je faisais semblant, je passais à côté de moi en m’ignorant. Je ne savais pas survivre autrement. Je me le pardonne.
J’ai cru que je méritais l’abandon des autres et qu’il était normal de vivre ce qui m’arrivait. J’ai pensé que tout ce qui m’arrivait ou ne m’arrivait pas était dû à moi. C’est moi qui en était l’origine. J’ai cru que je devais être puni(e), privé(e) et que c’était moi la cause et la seule explication. Ce que je faisais et ce que j’étais n’allait pas, n’était pas suffisant, pas assez ceci ou cela. J’ai cru que quelques miettes de pain devaient me suffire et que je ne devait surtout pas me plaindre et m’en satisfaire. Dis toi que tu as de la chance. J’ai pensé que mourir serait plus simple que vivre. J’étais en survie.
J’ai cru tellement de choses fausses sur moi et je m’en suis voulu(e) de le croire. J’ai été en colère contre moi et aujourd’hui me le pardonne.
Je me pardonne mon non droit à l’existence, d’avoir cru que je dérangeais, que je n’avais pas ma place ici.
Je me pardonne d’avoir lutter contre ma sensibilité, de m’être endurci(e), d’avoir été si dur(e) et intransigeant(e) avec moi.
Je me pardonne d’avoir cru que je devais être parfait(e) pour être accepté(e). Je me pardonne d’avoir laissé les autres me faire du mal, d’avoir accepté autant de maltraitance.
Je me pardonne de m’être abandonné(e) aux croyances des autres et à leur ignorance. Je me pardonne mon ignorance et mes propres croyances. Je ne savais pas.
Je ne pouvais pas savoir. Je devais le vivre pour comprendre.
Maintenant que je sais pourquoi , je m’approche de moi-même, je caresse mon visage, touche mon coeur et lui demande pardon.
J’ouvre la cage et le laisse hurler, crier, pleurer et exprimer tout ce qu’il n’a jamais pu faire auparavant. Je lui donne le droit de dire tout ce qui a été censuré, tu, étouffé, caché, oublié. Je suis juste avec lui.
Je l’accueille pleinement.”
Adeline Ferlin
©Adeline Ferlin-Février 2020