C’est dans le désert que l’on trouve son essentiel, dans le rien que l’on trouve son tout, dans le manque que l’on trouve ce qui compte vraiment, dans la perte que l’on réalise ce qui est précieux et a de la valeur. C’est dans l’absence des autres que l’on trouve sa propre présence.
Peu réalisent ce qu’implique aller à son essentiel. Comme beaucoup d’autres sujets, la majorité des personnes imaginent comment cela devrait se passer avec une touche de « facilité » et de fantaisie rendant toute quête attractive. Mais une fois en chemin et approchant du but, beaucoup s’aperçoivent que ce n’est pas du tout ce qu’ils s’étaient imaginé. C’est un peu la douche froide.Aller à son essentiel implique forcément de faire une traversée du désert pour se retrouver, se rencontrer, s’identifier, s’accepter, s’assumer et trouver son essentiel permettant alors de s’orienter. Car on ne dirait pas comme ça mais l’essentiel est comme l’étoile du berger pour chacun de nous.
Une fois trouvé, on le suit et surtout on l’incarne. Contre toute attente, du tri se fait autours de soi et cela jusqu’à ressentir une sensation de vide souvent « social » comme si il n’y avait plus rien ou plus grand chose, plus personne ou plus grande monde. À partir de là, le réflexe premier est de penser avoir un problème, être devenu asocial, et surtout que tout cela n’est pas normal. Ils s’inquiètent de cette anormalité ayant certainement projeté un essentiel « normal »selon leur croyance, ils s’imaginent avoir des nouveaux blocages et sont perturbés. Pourtant le choix de l’essentiel change la normalité d’avant. C’est le principe. La seule chose qui change est de ne plus aller vers certaines personnes et de refuser que certaines personnes viennent à eux. Oui ils ferment des portes, posent des limites, font ce qu’ils n’arrivaient pas à faire auparavant mais cela ne veut pas dire qu’ils sont devenus des êtres fermés asociaux. Ils ont évolués et changés. C’est quand même la finalité du développement personnel. C’est logique dis ainsi mais déroutant quad cela se produit. C’est pour cela que je choisis d’y consacrer cet article.
La bonne nouvelle est que cela prouve bien que la guérison et les effets de la transformation intérieure opèrent.
Autant la vie peut sortir une personne ou un lot de personnes de notre vie sur une période plus ou moins longue, autant nous-même pouvons ne plus aller vers elles aussi. Aller à l’essentiel implique de laisser partir ce qui appartient à une ancienne version de nous-même, une ancienne peau pour laisser place à la nouvelle. Tout ce qui à l’extérieur était relié, en cohérence avec cette version devenue passée devient le passé également.
Il y a ceux toujours ceux qui partent et ceux qui restent mais trop oublient que nous-même partons et quittons.
Les grands changements expliquent les grands nettoyages que ce soit familial, professionnel, amical, amoureux. Parfois tout y passe car c’est un changement transversale impactant tous les aspects de sa vie et oui cela peut faire beaucoup d’un coup. Quand on élague un arbre, il est possible de couper certaines branches et parfois il faut du temps pour qu’elle repousse autrement en tenant compte des changements à opérer. Mais une fois les branches élaguées ou taillées, il y aura toujours un vide le temps qu’elles repoussent autrement en cohérence avec la nouvelle version de soi, alignée sur son nouvel essentiel. Ce nouvel espace est souvent très mal vécu, compris, accueilli et géré. Le vide représentant dans la croyance collective du rien, forcément cela porte à confusion.
Se libérer et s’émanciper de ses dépendances, du regard des autres pour exister change toute la donne ( comme redistribuer un nouveau jeu de cartes). Il faut retenir que plus on va vers son essentiel moins il y a de monde avec un phénomène de rareté. Plus on sait ce que l’on veut et ne veut plus, plus ce que l’on veut paraît être un coup de « chance » à la roulette russe. C’est exactement cela qui déçoit. Beaucoup s’imaginent que ce sera facile dans le sens rapide et abondant. Alors face à la réalité de la rareté, ils font des probabilités et doutent de la possibilité que cela leur arrive. Ils rencontrent des gens mais quelque chose s’est passé en eux et rien ne se passe. « C’est pas là, c’est pas lui, c’est pas elle, ça ne l’a pas fait, oui c’est sympa mais pas plus, il manque quelque chose, bof, ça ne m’interresse pas, ça m’ennuie, je n’ai plus envie, ect… »
L’évolution de chacun fait que progressivement le rapport à soi et donc le rapport à l’autre évolue tout autant. Nos besoins changent, la guérison opère, les dépendances s’émancipent, les attentes se désintègrent et à chaque fois on revoit sa copie.
Progressivement on finit par ne plus aller vers les autres pour les mêmes raisons ce qui expliquent l’arrêt de nos mouvements d’avant. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être social ou pas. On ne se force plus, on ne demande plus aux autres de combler nos trous, failles, manquements. On a envie que les relations soient basées sur des envies et non des besoins de co-dépendance. C’est toujours impressionnant de réaliser après coup toute la place et l’énergie que cela prenait, tous ces mouvement pour obtenir quelque chose de l’autre. Quand ces derniers cessent, cela explique aussi le vide ressenti. La loi de l’attraction n’est pas ce que l’on croit. Ce n’est pas parce qu’il y a de la place disponible qu’il faille systématiquement penser la remplir aussitôt (d’où l’expression : « je préfère rester seul qu’être mal accompagné ») ou s’imaginer que si rien de nouveau se passe à l’extérieur c’est soit sa faute pensant ne pas être prêt ou que cela n’existe pas.
D’ailleurs combien dans cette quête extérieure confient et témoignent avec du recul, s’être sentis très seuls alors qu’ils brassaient énormément de monde? Combien reconnaissant que le sentiment de solitude s’amplifie quand il y a du monde? Donc le vide n’est pas si nouveau que cela. La seule différence ( et pas des moindres) est de discerner le vide intérieur du vide extérieur. La bascule se fait exactement là, le vide s’inverse. Plus on se remplit de soi, plus on apprécie sa propre compagnie, plus on travaille sur soi pour guérir ses propres blessures, moins on va chercher à l’extérieur ce que l’on trouve à l’intérieur, moins on a besoin des autres, moins on les sollicite aussi. De plus, certaines personnes s’éloigneront tout autant naturellement car quand il n’y a plus personne à sauver, elles perdent leur rôle ne trouvant plus d’interêt personnel afin de combler leur propre besoin intérieur.
Même si cette conquête est magnifique dans ce qu’elle représente, elle est loin d’être aisée. Permettant parfois de faire des choix quand il faudra prioriser certains aspects plus que d’autres pour se positionner, avancer, l’essentiel est la racine centrale à laquelle s’accrocher. Il est courant d’être amené à douter, se penser trop exigeant et y renoncer quand on ne voit que celle-là et aucune autre mais c’est la principale. Les autres racines partent d’elles et les branches poussent à partir d’elle aussi. C’est l’axe majeur qui définit tout le reste. C’est l’axe majeur qui permet face à des situations de se demander si ce qui se présente à nous répond avant tout à son essentiel.
Je ne sais pas comment les gens projettent le chemin de leur essentiel. Je sais juste que beaucoup se sentent perdus, seuls, désorientés et déçus. Ils voient tout ce qui part, sort de leur vie et compte ce qui leur reste constatant qu’il ne reste plus grand monde autours d’eux. Cela les inquiète: « Déjà que j’avais pas grand monde, alors là y’a presque plus personne. » Peut-être est-cela avoir l’essentiel?
Alors si vous ressentez tout cela, le vivez à votre échelle, ne pensez pas avoir un problème ou une difficulté sociale. Entendez que vous n’avez plus envie de ceci ou de cela. Il est légitime d’avoir des désintérêts, de passer sa route, ne plus s’y attarder, ne plus perdre de temps, ne plus vouloir ceci ou cela, détourner votre regard, fermer sa porte, être inaccessible, s’ennuyer, etc. C’est le résultat de tout votre travail de guérison, de discernement et d’évolution. Ne vous pensez pas sans coeur, sans empathie, comme si plus rien ne vous animez. C’est juste que cela ne vous attire plus aujourd’hui. Le prisme de la loi de l’attraction a changé pour vous. C’est autrement et ailleurs. Ce n’est pas ce que vous vouliez?
Et je vous assure, quand vous ressentirez de l’envie, un réel interêt, de la curiosité, un élan naturel, alors rien ne vous empêchera d’y aller. Mais il est vrai que c’est plus rare et cela n’arrive pas souvent. Mais entendez aussi peut-être une chose: l’envie a toujours été rare en réalité, vous l’aviez juste confondue avec vos besoins. Quand les besoins s’envolent, reste uniquement l’envie et c’est devenu votre essentiel. Alors quand l’envie se présentera, allez-y.
Pour finir, je voulais préciser que parfois en plus de l’essentiel, vous aurez du bonus, du surplus, comme le chocolat et la chantilly sur la gaufre nature. La gaufre nature représentant votre essentiel, la gourmandise supplémentaire sera la cerise sur le gâteau, à savourer et à apprécier si cela vous fait plaisir et envie. Soyez juste vigilant à ne pas inverser la tendance et oublier votre essentiel, à savoir vous retrouver avec chantilly et chocolat sans la gaufre. La métaphore peut surprendre mais c’est ainsi que je vois les choses.
N’oubliez jamais que votre essentiel vous définit aujourd’hui mais peut évoluer, changer, s’affiner, devenir plus exigeant. Quand il bouge, tout bouge et il est nécessaire d’accepter de passer par certaines étapes et de redéfinir ce qui compte réellement pour vous. C’est la plus belle des guidances.
Adeline Ferlin


