Toi ou Moi, le choix est ailleurs

Toi ou Moi, le choix est ailleurs

« Je n’ai pas su partir, te quitter, prendre le large, dire au revoir. Je n’y arrivais pas, c’était à ce moment-là au-dessus de mes forces, de mes capacités. Je voulais que ce soit différent. J’ai essayé de te changer, de me changer, de te déformer, de me déformer. Je résistais. À tort ou à raison, je ne le sais plus.

J’insistais, je m’acharnais. Je voulais que cela s’arrête, pas nous, mais que cette version de nous, dont on touchait tant les limites, cesse. Je voulais plus que tout vivre ce autrement avec toi et personne d’autre. Je mentirais que de prétendre l’inverse aujourd’hui.

Alors dans le tourbillon de mes désirs et de mon aspiration ultime, je te suppliais d’arrêter, cherchant chez toi une prise de conscience, une réaction, un électrochoc alors que c’était à moi de savoir m’arrêter. C’était à moi d’accepter la situation telle qu’elle était à ce moment-là.
Je n’en ai pas eu le courage. J’en étais incapable.
J’avais trop peur, je l’avoue.

Je me suis remis (e) en question, j’ai essayé de changer, de lisser mes défauts, d’accepter les reproches, de m’améliorer tout en ayant le sentiment de m’éloigner de moi, de ma personnalité. J’ai eu la sensation de ne pas être la personne que tu voulais que je sois comme je t’ai fait ressentir la même chose. Et je m’en suis voulu (e). Beaucoup.
Démuni (e), comment sortir de cette impasse ? Faire demi-tour ? Abandonner ? Baisser les bras ? Tenir bon ?

Divisé (e) entre toi et moi, j’ai réalisé que la seule issue fût d’accepter de faire un choix et j’ai trouvé cela profondément injuste que d’en arriver là.
J’ai fait de mon mieux avec ce que je pouvais. Je sais que toi aussi. Cela ne fut pas suffisant.

Effleurer l’idée que partir puisse être la seule issue m’était insoutenable et m’arrachait déjà le cœur alors le faire était inconcevable.
Perdre ta simple présence, ne plus être avec toi n’étaient pas dans l’ordre des choses. On allait y arriver, il fallait qu’on y arrive et que plus rien ne nous sépare et je crois bien que j’étais prêt(e) à tout pour y arriver.

Je suis passé (e) par toutes les étapes, tous les états. Ce que je sais, c’est que j’ai tout essayé et tenté même si j’ai dérapé. Cela était inévitable. Chaque dérapage est devenu un reproche supplémentaire, relançant une surenchère.
L’impuissance ressentie face à la vérité de notre souffrance mutuelle fut si violente que seul le temps put m’aider à l’accepter, à m »apaiser.

Me choisir sans te choisir fut ma dernière option, celle que je refusais jusqu’alors. Chaque tentative engendra un échec qui me fit me sentir nul (le), incapable, inapte à aimer, à y parvenir alors que paradoxalement, je n’avais jamais autant aimé et tout fait par amour.

Me choisir fut un long chemin, car pour moi, c’était un acte d’abandon, de lâcheté, d’irresponsabilité et d’infidélité. Baisser les bras, c’était rompre ma promesse et cesser de me battre, cesser d’aimer.
Je me voyais faire et être cette âme rythmée de désespoir et d’espoir alimentant cette dualité profonde, sûrement ridicule et incompréhensible au regard des autres.

Parfois être conscient de son propre comportement sans rien pouvoir y changer est douloureux, culpabilisant, rabaissant et honteux.
J’avais une certitude qui devint ma seule survie, celle de ne pas vouloir mourir d’amour, de tristesse ou de quoi que ce soit d’autres. De cela, aussi, j’en étais totalement incapable.
Et je me suis accroché (e) à cette seconde incapacité qui m’a sauvé non pas de toi, mais de mon propre abandon.

Ce jour arriva. La terre trembla en moi, mes pieds défaillirent, mon cœur explosa mettant terme à sa lente et profonde déchirure. Un gémissement intérieur jaillit de mon corps. J’eus la sensation de mourir et cette mise à mort me soulagea. Les larmes ne cessèrent de couler et remplirent le lit d’une rivière asséchée emportant dans son courant ma dépouille.

Effondrement, désintégration et perdition.

Le silence fut ma seule consolation et l’absence le seul remède à mes maux. Me couper de toi fut la chose la plus douloureuse et la plus salvatrice simplement parce que cette souffrance devait cesser sa croisade.
Cette folie sage me guida dans ma chute et ma dégringolade.
Me perdre en refusant de te perdre fut mon dilemme, ma dualité.

J’ai mesuré dans mon épreuve de quoi j’étais capable par amour et que ma plus grande peur était de ne pas savoir m’arrêter, conscientisant que je pouvais aller loin, bien trop loin.

Je réalisais alors que je n’avais pas peur de ne pas savoir aimer ou donner. J’avais peur de m’oublier et de m’abandonner totalement en aimant, en t’aimant. Pensant que ce n’était jamais assez, jamais assez suffisant, je donnais tout, absolument tout ce que je pouvais.
Je redoutais ton abandon en ne donnant pas tout, en ne m’abandonnant pas. C’est fou avec du recul.

Cela arriva. Personne à part moi-même ne pouvait remédier à mon propre abandon.
Je ne pouvais pas te demander cela. C’était à moi seule d’y mettre un terme. Tu me la permis. La vie à travers toi me l’a permis.
J’ignorais tout cela avant d’y être confronté, avant d’oser aimer autant. J’ai vu.
Réunis et divisés entre nos deux frontières, j’ai vu nos allers et retours. La défaite fut écrasante, mais la leçon grande.
Merci la vie pour ce magnifique enseignement sur moi-même. Merci pour cette capacité supplémentaire qui me permettra à l’avenir d’aimer autrement et mieux.
Être allé(e) aussi loin m’a permis de toucher la limite à ne surtout plus franchir, même par amour. Je ne veux plus avoir à choisir entre toi ou moi et inversement. Mon choix est ailleurs. Je ne veux plus aimer ainsi, c’est trop déchirant.»

Adeline Ferlin

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