La seule solution préconisée et la plus juste est de te fuir, partir en courant en te voyant, en te sentant.
Ne te voyant pas venir ou plutôt n’y croyant pas (car impossible d’y croire ou de croire que cela puisse arriver), il est souvent « trop tard » pour te fuir « facilement ».
Invisible, imperceptible, sournoise, on ne te voit pas venir toi qui sais t’incruster si intelligemment.
Malgré ce précieux conseil très logique et raisonné, il apparaît néanmoins complexe et impossible de te savoir déjà là et te fermer la porte. Tu sais y faire pour entrer et t’installer confortablement. Calculatrice et manipulatrice, flatteuse et séductrice, tu as un certain charme insoupçonné qui plaît. Ton charisme n’est plus à prouver pour savoir prendre ta place dans la vie des autres qui représentent et incarnent bien souvent ce que tu aimerais être. Alors tu t’infiltres tel un poison qui paralyse doucement, mais sûrement pour en prendre le contrôle et ainsi les posséder.
Une fois installée sans prévenir, tu instaureras une menace invitant à se terrer dans le silence. Piégé, te contrarier est une bien mauvaise idée. Tu veilleras scrupuleusement à ce que rien ne t’échappe pour garde la mainmise.
Annonçant le pire sans le dire, ta poigne se resserre aussitôt en tentant de te désobéir, en osant te défier.
Tu génères un climat de stress et de pression pour régner et garder l’ascendant.
Toi l’emprise, tu étrangleras la gorge pour empêcher le moindre son de sortir, tu écraseras la chair et oppresseras le moindre mouvement de cet être si celui-ci ose te trahir. Tu te mettras en rage d’avoir osé dire que tu existes. Toi l’emprise, tu imposeras ta loi en sur-estimant ta toute-puissance pensant contrôler le monde entier. Tu te sais très intelligente Madame Emprise, plus que tout le monde sûrement.
Tu feras régner la terreur et tu imposeras le faux-semblant pour faire comme si tu n’étais pas là et ainsi couvrir ta lâcheté et ton impunité.
Toi qui ne supportes pas d’être contrariée, remise en question, démasquée, toi qui penses avoir un droit de veto sur la vie des autres par la force de la menace, tu prendras en otage les sentiments, les émotions, la sensibilité, l’empathie et le cœur de ceux et celles que tu auras su conquérir et séduire par ta si douce mélodie ensorcelante.
Ne pense surtout pas que tu es protégée. En réalité, tout le monde a peur de toi et tu le sais. Tout le monde se protège de toi. Ne crois pas l’inverse.
C’est toi qui te sens en danger quand tu te sens démasquée. Sans aucun scrupule, ta machination machiavélique se mettra en route pour doucement inverser les rôles.
Toi l’emprise, tu n’as jamais peur de parler aux autres de l’enfer que tu vis et te faire passer pour une victime auprès des autres tout en serrant de toutes tes forces ta proie pour l’écraser.
Arriver à faire de la victime le coupable idéal est bien toute la finalité de ta perversion. Félicitations, tu as réussi !!! Te sens-tu alors toute-puissante ? Es-tu rassasiée ? Sûrement. Mais non, il t’en faut encore… Toujours plus.
Te fuir dans ces moments-là devient le pire des affronts et la décision la plus risquée, dangereuse.
Ne pas t’activer, ne pas te réveiller, ne pas te mettre en colère, ne pas te contrarier, te sourire, te dire que tout va bien, que tu es la plus merveilleuse, car en plus, tu veux être aimée. Il ne faut rien te dire, ne pas s’opposer et se soumettre à toi. Ton règne est une dictature uniquement réalisable dans la menace et la torpeur tout en clamant que tu ne souhaites que la paix et la sérénité.
Tu es la plus injuste et la plus menteuse qui puisse exister, incapable d’assumer et de reconnaître ton existence et tout le mal que tu répands autour de toi. Pourtant, dans tes oratoires, tu n’auras aucun mal à vanter tes valeurs de droitures et de vérité.
Te fuir est la pire des menaces pour toi et par conséquent pour tes proies. Dire que tu existes, le crier est la dernière chose à laquelle penser. Surtout pas !!! Fuir, mais à quel prix ? Pour être retrouvé et achevé par ta main qui brise ? Car toi l’emprise, tu es une assoiffée de vengeance et de sang. Jamais tu ne lâches.
Sous haute surveillance de ton regard, établir un plan d’évasion demandera de la prudence. Il faudra faire preuve de ruse pour t’échapper et que tu ne te doutes de rien. Et ça ce n’est pas facile du tout.
Tu es une prison avec des miradors, des barbelés qui touchent le ciel, des geôliers à chaque recoin à l’affût du moindre indice qui pourrait t’échapper.
Ultra-contrôlable, s’enfuir devient une évasion de haute envergure qui demandera beaucoup de temps, de courage, de force et de soutien extérieur, des complices (que tu détesteras aussi du coup).
Il y aura certes des tentatives ratées qui dissuaderont de recommencer. Et pourtant rompre avec toi définitivement sera, un jour, possible, dans cette vie ou une autre, même si c’est très périlleux.
Toi l’emprise, toi qui est si cruelle et ne supporte pas que l’on t’échappe, toi qui possède et détruit l’amour des autres pour exister et te remplir, toi ce vampire qui aspire la vie des autres, ne serais-tu pas celle qui a le plus peur pour agir de la sorte ?
Adeline Ferlin