Pendant ce long périple, celui qui me conduisait à rentrer chez moi, j’étais comme tout un chacun, seule et livrée à moi-même.
Dans les moments où l’envie me venait d’abandonner tellement j’étais épuisée, j’avais la sensation que je n’arriverais jamais à trouver ma maison, mon foyer. Je n’en voyais plus le bout et je pleurais. Beaucoup. Je ne m’apitoyais pas sur mon sort, loin de là. Je trouvais juste que c’était terriblement difficile de tenir simplement la distance.
Seule dans ce désert immense, par une nuit étoilée, assise près d’un feu, je laissais couler les larmes. Elles brûlaient les joues. Des sanglots profonds sortaient de moi, tu sais ceux qui font du bruit. J’avais tellement envie que tout cela cesse. J’étais si fatiguée. Instinctivement mon coeur t’appelait toi mon amour, pour que tu me guides à moi, à toi, à nous. J’ai demandé un signe de toi.
Un cheval blanc est apparu. Je n’ai compris que plus tard que c’était toi qui venais à moi.
Blanc comme immaculé, tu posais ta tête sur mon épaule et tu attendais que je veuilles bien me lever et reprendre la route. Je savais que je n’étais pas encore arrivée. Je sentais ton souffle dans mon cou pour me dire de me relever et de continuer. “Allez relèves toi, persévères, tu n’as pas fait tout ce chemin pour arrêter maintenant”.
Alors je te regardais dans les yeux. Tout semblait si limpide en lui, en toi. Tout était dit. Cela me suffisait. Je me levais, je m’agrippais à ta crinière pour grimper sur ton dos. Je me penchais pour te murmurer un instant à l’oreille et à ton coeur de me guider là où je devais aller. Rien de plus. ” Amènes moi à la vérité, montres moi le chemin”.
Cette rencontre dans le désert restera à jamais en moi. Je n’oublierais jamais ta puissance, ta présence, te prestance.
Je m’accrochais fort à ta crinière. Tu galopais si vite. L’air se transformait en vent sous l’effet de la vitesse. Je sentais chacun de tes mouvements et je m’accrochais à toi. Nous allions si vite. J’adorais cela. Cette sensation ne me quittera jamais mon amour. Je fermais les yeux et je sentais mes larmes couler et voler derrière moi. Je sentais ta force qui me transperçait et notre quête de liberté. Nous allions de l’avant, libres comme l’air.
Cela me suffisait. Tu étais le seul à pouvoir me parler, me toucher dans ces moments là. Je crois bien que je ne pouvais croire et entendre que toi. La vie le savait.
De nouveau en moi renaissait l’évidence de ne jamais abandonner même si je devais encore passer des nuits et des vies sans toi.
C’est quand je souhaitais que tout cesse que je prenais mesure de la valeur de l’infini et de l’éternel sur moi.
Je ne m’acharnais pas, je tenais ma promesse. En accord total avec moi-même je chevauchais vers mon destin.
Je réalise et mesure aujourd’hui avec humilité ô combien ta présence et ta fidélité sont sans faille pour ne pas abandonner, pour tenir bon malgré les secousses. Les tests étaient permanents et malgré tout rien n’a pu ébranler notre lien, notre amour, notre promesse, nos pires épreuves et nos plus doux souvenirs, nos aspirations individuelles et communes. Plus que tout, nous voulions être libre de nous aimer. Tout ce que nous avons vécu est amour que ce soit dans le pire et le meilleur.
Je savais que la vie ne m’avait pas abandonnée. Te concernant j’avoue j’en ai douté. Je m’en suis voulu un temps d’avoir oser penser et croire cela de toi.
Oui tu m’as éperdument manqué.
Quel magnifique don que tu es en étant libre d’être toi mon amour.
Ce cheval blanc que tu es incarne pleinement la liberté absolue. Tu as su me le rappeler. Merci.
On abandonne pas l’amour car lui ne nous abandonne jamais.
Toi mon amour, mon cheval blanc, je sentais ton sang couler dans tes veines, tes tempes qui battaient fort, ton mouvement déterminé. Aucune hésitation, sûr de toi, tu savais ce que tu faisais. Je me sentais en sécurité car il n’y avait aucun doute en toi. Dans ces instants je savais que tu étais là et tu me disais de m’accrocher. Je sentais ta foi en moi. Ensemble et unis, nous allions dans la même direction. Là-bas. Je m’abandonnais à ta puissance et me laissais portée par toi, ton flux. Je n’avais plus peur, bien au contraire. Je me sentais en pleine confiance et le doute disparaissait. Plus rien ne pouvait faire barrage. Mes forces se décuplaient et ma foi devenait de plus en plus absolue. Je m’endormais. Apaisée, sereine.
Tout seul on va plus vite. À deux on va plus loin.
Au matin je me réveillais, plus déterminée que jamais, rechargée, remplie, requinquée, soutenue, apaisée et juste l’envie de continuer, persévérer. Je te sentais à mes côtés et en paix. J’avais foi. Je savais que nous allions nous retrouver et cela me suffisait.
Le temps a filé et je suis rentrée chez moi. Un jour tu as sonné à la porte.
Aujourd’hui je souhaite te témoigner toute ma gratitude, mon amour et ce souvenir si doux et puissant du cheval blanc que tu as été sur mon chemin et que tu es encore.
T’aimer fait partie de ma nature véritable.
La liberté de t’aimer tous les jours dans mon quotidien est ce qu’il y a de plus extraordinaire. Tu es ma plus belle normalité.
Adeline Ferlin